Deux ans d’enquête de la DPD : « La réduction des classes ne suffit pas »
La question de l’impact du nombre d’élèves par classe sur les résultats scolaires a animé une partie du débat pédagogique cet automne. T. Piketty avait mis en évidence un effet sensible pour une réduction importante des groupes classe. Cela l’amenait à demander un effort important de moyens en faveur des ZEP. D. Meuret, qui défendait la thèse inverse, demandait en octobre dernier « une expérimentation des CP et CE1 de ZEP à 18 élèves dans quelques académies pendant 3 ou 4 ans avant de généraliser éventuellement le dispositif ».
Le ministère relance le débat en publiant une étude qui porte sur une expérimentation pendant deux ans (2002-2004) dans une centaine de cours préparatoires accueillant surtout des élèves défavorisés. Dans ces classes les effectifs ont été réduits à 8 à 12 élèves. Une centaine de classes témoins, à effectifs habituels, ont été étudiés parallèlement. L’enquête montre que les enseignants des classes à effectif réduit ont modifié leurs pratiques et que les élèves ont gagné en assurance et motivation.
D’après l’étude ministérielle, au cours et à la fin de l’année de CP, les élèves des classes (à faible effectif) ont un peu plus progressé que leurs camarades de classe comparables, mais les inégalités de départ n’en sont pas réduites et, une fois en CE1, ces élèves ont des performances équivalentes aux autres ». L’enquête officielle conclut donc que « une réduction de la taille des classes des CP est, à elle seule, d’un intérêt pratiquement nul. En effet, consacrer des moyens (importants) à cette diminution pour n’obtenir qu‚un léger avantage en termes d’acquis en fin de CP, avantage qui disparaît ensuite,et n’en tirer aucun bénéfice indirect en termes de baisse des redoublements… apparaît peu efficace ».
Faut-il pour autant dénier tout effet à la baisse des effectifs ? Les rédacteurs ne sont pas aussi affirmatifs. Ils relèvent qu’il faut » sans doute un temps d’adaptation pour permettre aux enseignants et aux élèves de tirer parti d‚une diminution d’effectifs ; une seule année d‚observation en CP est peut-être une période trop courte pour que des effets positifs puissent se manifester. Enfin, l’effort de diminution des effectifs a, dans cette expérimentation, été limité au seul cours préparatoire, alors que certains travaux pourraient inciter à étendre l’expérience aux cours élémentaires ». C’est ce que montrait les travaux de Piketty. Le débat reste donc ouvert.
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/noteeval/ne2005/eva0503.pdf
L’Inspection Générale tente un bilan des CP dédoublés
« L’effet maître dépasse celui des structures ». Le rapport de l’Inspection générale sur la mise en oeuvre du Plan de prévention de l’illettrisme au C.P. conclut ainsi « qu’il ne suffit pas de multiplier les moyens d’enseignement pour que les difficultés soient évitées ou surmontées ». En 2003-2004, 3500 cours préparatoires ont bénéficié d’aménagements particuliers : 3.000 classes ont joui de l’apport de maîtres supplémentaires ou d’assistants d’éducation, les autres ont vu leur effectif réduit. Les résultats sont décevants : » s‚agissant des élèves, les effets du dédoublement ou du renforcement restent indécelables en termes d‚apprentissage ». Pour l’Inspection, » au moment de l’enquête, les équipes n’avaient pas encore su tirer réellement parti de l’effectif réduit ou de la présence d’une second adulte dans la classe… la prise en compte de la diversité des élèves n’est pas sensiblement améliorée ». Pourtant l’Inspection demande de ne pas interrompre l’opération et de l’utiliser comme un laboratoire.
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/syst/igen/rapports/plan_illetrisme_CP.pdf
http://www.adobe.fr/products/acrobat/readstep2.html
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2005/04/index220405.aspx
Une étude américaine, Star, décrit ses paramètres de la réussite
Une nouvelle recherche est à verser dans le dossier de la réduction des effectifs. L’enquête Star a été dirigée par l’Université de Buffalo et la fondation américaine Heros. Les chercheurs ont suivi pendant 13 ans près de 5.000 enfants du Tennessee. Selon eux, les enfants qui ont suivi au primaire des classes à petits effectifs durant 4 ans ont plus de chances de conclure positivement leurs études secondaires. L’effet serait particulièrement important pour les enfants des familles pauvres. L’enquête analyse également les pratiques pédagogiques et montre l’effet positif des démarches créatives en écriture, d’une bonne communication avec les parents, et même du sens de l’humour.
http://www.heros-inc.org/star.htm