« On souhaite rassurer et dire que la réforme n’est pas écrite.. Il n’y aura pas de big bang en septembre 2023 ». Alors que se réunissent aujourd’hui les 4 groupes de travail sur la réforme de la voie professionnelle, la mobilisation exceptionnelle du 18 octobre des professeurs de lycée professionnel et de leurs syndicats contre la réforme fait changer la communication de Carole Grandjean, ministre de l’enseignement et de la formation professionnelle. Alors qu’Emmanuel Macron a nettement cadré la réforme aux Sables d’Olonne, la ministre s’efforce de faire croire que rien n’est joué.
Un rapport sur la réforme Blanquer
« On dit que notre réforme démantèle le lycée professionnel et supprime des postes alors même que l’on s’engage dans une réforme qui veut faire le contraire ». Alors que s’ouvrent les 4 groupes de travail et que se lance officiellement la réforme de la voie professionnelle, le ton a radicalement changé dans l’entourage de Carole Grandjean.
La ministre se focalise sur les 4 groupes de travail qui préparent la réforme. En amont de leur réunion, l’inspecteur général Marc Foucault, ancien conseiller spécial de G de Robien, fait un bilan de la réforme précédente. « Les syndicats nous le demandaient », dit l’entourage de C Grandjean.
Le rapport de M Foucault évalue très positivement la réforme Blanquer de la voie professionnelle. »Cette transformation a permis de mettre en oeuvre de nombreuses innovations pédagogiques : le chef d’oeuvre, la mixité des parcours et le développement de l’apprentissage, la co intervention, les familles de métier en seconde ». La mixité des parcours est surtout connue des enseignants comme une obligation qui complique énormément leur travail. Quant aux familles de métier, peut-être indispensable avec le rajeunissement des élèves arrivant en lycée professionnel, elle est vécue comme une déprofessionnalisation. Et elle participe à la baisse du niveau des élèves et à la déprofessionnalisation du diplôme. Si « les résultats de la réforme sont encourageants », conclue M Foucualt, « désormais doit se mettre en place une réforme plus structurelle pour la réussite de tous les élèves ».
Des groupes de travail aujourd’hui
Quatre groupes de travail se réunissent du 21 octobre aux vacances de Noël. Ils seront suivi d’un groupe « préfigurateur » de la réforme. Les groupes répondent aux questions fixée spar la ministre : comment réduire le nombre de décrocheurs, comment mieux préparer les poursuites d’études supérieures , comment améliorer le taux d’accès à l’emploi, comment donner des marges de manoeuvre aux établissements tout en conservant le caractère national des diplômes.
A la tête de chaque groupe un recteur, accompagné d’un inspecteur général. Les groupes accueillent les représentants des syndicats, des régions, des parents d’élèves, des établissements privés, des inspecteurs, des chefs d’établissement et même des élèves.
« Ily a eu un malentendu sur la méthode de la réforme », dit-on dans l’entourage de C Grandjean. « C’ets après les conclusions des 4 groupes qu’on pourra lancer les travaux qui permettront de construire très progressivement la réforme ».
Un nouveau discours…
Finie l’arrogance de la rentrée et les tweets percutants de la ministre. Son équipe s’attache à faire oublier le discours présidentiel des Sables d’Olonne où E Macron a nettement défini sa réforme.
Aux Sables d’Olonne, le 13 septembre, E Macron a pourtant nettement défini la réforme. « On va être amené à fermer des formations et à en ouvrir d’autres », expliquait E Macron. « Ce chantier on va le conduire la main dans la main avec les régions.. On va devoir former les enseignants pour qu’ils se réorientent, avoir aussi des professeurs associés pour nous aider à injecter des compétences dans les L.P. ». Ce travail sera fait « bassin d’emploi par bassin d’emploi ». Il insistait sur le doublement des périodes de formation en entreprise tout en promettant de maintenir les horaires des enseignements fondamentaux. Il promettait d’y arriver « par une meilleure organisation du temps scolaire.. en séquençant les temps de stage ».
Tout cela semble oublié. Quand on demande au ministère de l’enseignement professionnel comment on peut doubler le temps de stage sans diminuer le temps des enseignements, la réponse c’est qu' »augmenter le temps des périodes de formation en entreprise sera examiné par les groupes de travail… La réforme n’est pas écrite ». Le ministère « souhaite rassurer et souhaite construire ensemble » la réforme.
L’entourage de C Grandjean promet d’investir dans les lycées professionnels « comme cela ,’a jamais été fait ». Les groupes de travail réfléchiront sur les formations. « Faut-il un CAP en 3 ans pour tous ? Faut il une année de plus en bac pro », tout semble ouvert.
qui n’est pas confirmé par des engagements budgétaires
Dans la réalité on retrouve dans le cahier des charges des groupes de travail le cadrage présidentiel. Le groupe de travail sur les décrocheurs préparera en fait les demi journées avenir en collège. Celui sur le taux d’accès à l’emploi doit travailler sur la révision des cartes de formation et sur les périodes de stage en entrerpise. Il est piloté par Olivier Faron, recteur de Strasbourg et ancien conseiller de Fillon et Wauquiez. Le groupe sur les marges de manoeuvre des établissement traitera aussi des préiodes de PFMP et de « l’accroissement de la professionnalisation ». Celui sur les poursuites d’étude traitera de la mixité des parcours.
Le ministère promet un investissement dans les lycées professionnels et ne pas vouloir diminuer le nombre d’enseignants. Mais nos questions sur le budget restent sans réponse. Celles sur les dotations horaires des lycées professionnels , qui sont connues dès janvier, restent sans réponse claire. Le budget 2023 ne prévoit pas d’abonder une importante réforme des L.P. Sur le maintien des postes on nous dit « que cela se décide en lien avec l’Education nationale ». « Il peut y avoir une hausse des périodes de stage et une baisse démographique. Il conviendra de voir en fin d’année » nous dit on.
La mobilisation exceptionnelle du 18 octobre explique peut etre cette prudence. D’autant qu’une partie des syndicats boycotte la réunion des groupes de travail. Et qu’un nouvele mobilisation est annoncée pour le 17 novembre.
L ‘entourage de C Grandjean est plus crédible quand il dit que « le président de la République a été élu sur un programme qui l’engage face aux français ». Et la réforme de la voie professionnelle en fait partie. « IL y a aussi l’annonce d’un changement de méthode. Et c’est cela qu’on applique ». La communication change. Ni les objectifs, ni la route tracée par E Macron.
François Jarraud