Par François Jarraud
Pour la conférence de presse de rentrée des Ministres de l’Éducation et de la Réussite éducative, Vincent Peillon et George Pau-Langevin, ce 29 août, le ton était à « l’optimisme raisonnable » : désireux d’en finir avec le scepticisme morose qui entrave l’évolution de l’école, Vincent Peillon a affirmé avec force sa confiance dans la capacité de l’institution à recruter les futurs professeurs dont elle a besoin et à réussir sa refondation. L’insertion des élèves handicapés, l’éducation prioritaire, la lutte contre le décrochage scolaire sont les priorités de George Pau-Langevin, qui a fermement rappelé par ailleurs le droit égal à un enseignement de qualité des enfants itinérants, en particuliers des enfants Roms, « qui sont sous la protection de la puissance publique ». Interrogé sur les rythmes scolaires, la formation des enseignants et leur recrutement, la scolarisation des moins de 3 ans ou les Agents de prévention et de sécurité, Vincent Peillon a souligné l’importance des chantiers déjà mis en œuvre et sa volonté d’ouvrir la discussion avec les collectivités locales et le monde de l’entreprise.
Des jeunes veulent s’engager dans ce métier.
Comment trouver les quelques 22 000 candidats aux postes libérés par les prochains départs en retraite, alors que les concours ne font pas le plein et que les postes de titulaires peinent à être pourvus ? La vocation, étymologiquement, c’est l’appel, dit Vincent Peillon. Les jeunes gens ont été découragés par les conditions qui leur ont été faites, cela ne veut pas dire qu’ils ne veulent pas s’engager dans le métier. Avec la mesure Emploi Avenir Professeurs, ce sont 6 000 étudiants de L2 se destinant à l’enseignement qui pourront dès janvier prochain poursuivre leurs études sur 3 ans, avec une bourse de l’ordre de 900€ mensuels sur 12 mois. A terme, « ce sont de vrais métiers que nous leur proposons, le contraire de la précarité » . A ceux qui se lamentent sur les difficultés et l’incertitude du métier dans l’avenir, le Ministre oppose l’exemple de ces 800 jeunes stagiaires rencontrés en début de semaine, et qui sont heureux et fiers de débuter. Le scepticisme et la méfiance spécifiques à notre pays sont dangereux et contagieux, remarque-t-il : il faut savoir être optimiste, « d’un optimisme raisonnable ».
Handicap, décrochage et enfants itinérants : des droits pour tous.
George Pau-Langevin a réaffirmé pour sa part les actions prioritaires de son ministère : insertion des enfants handicapés (2400 élèves environ) pour lesquels il faut développer le dispositif des AVS-i (Auxiliaires de vie scolaire individuels). Les AVS-i doivent bénéficier d’une vraie formation qui s’appuie sur un référentiel-métier qualifiant. Mieux soutenir les enseignants, pour faire comprendre aux autres familles que la présence des enfants handicapés dans les classes n’est pas une charge mais une chance et une richesse. Lutte contre le décrochage scolaire et soutien à l’éducation prioritaire restent ses préoccupations majeures, mais aussi l’accès « à égalité de droit à un enseignement de qualité » des enfants primo-arrivants, particulièrement issus des populations Roms : une circulaire interministérielle publiée ce jour (29 aout) réaffirme que ces enfants sont sous la responsabilité de la puissance publique, souligne-t-elle fermement.
Rythmes scolaires : des journées allégées mais plus nombreuses sur l’année.
Interrogé sur l’organisation du temps scolaire, Vincent Peillon confirme l’allongement officiel des vacances de Toussaint et le décalage de la fin des cours au 6 juillet 2013. Il distingue d’une part le rythme annuel, qu’il souhaite allonger en prenant sur les vacances d’été, d’autre part le rythme hebdomadaire, de 4 jours et demi en primaire, incluant le mercredi matin pour 2013, et enfin le rythme de la journée de classe à réorganiser avec l’ensemble des partenaires, « le plus difficile et le plus passionnant », dit-il, sans chercher à dissimuler les obstacles qui restent à surmonter.
Primaire et maternelle : les fondements de la scolarité.
La scolarisation des moins de 3 ans, précise le Ministre, qui évoque des expériences fructueuses avec de plus jeunes encore, fait l’unanimité « en ce qui concerne les publics en difficulté ». L’objectif serait de retrouver le taux de scolarisation antérieure à la dégradation de ces dernières années. Pour le Ministre, il faut centrer tous les efforts sur la période primaire de la scolarité, dans lesquels « nous investissons moins que les autres » et qui reste négligée bien que plébiscitée par l’ensemble de la population. Mieux vaut s’attacher au primaire et construire une continuité à partir de là plutôt que s’attaquer au collège, comme cela a été fait maintes fois en vain. Quant au lycée, « il n’y a pas que la filière S » dit le Ministre, qui entend rééquilibrer l’attention accordée aux filières d’enseignement technologique et professionnel, et en particulier en les ouvrant davantage sur le monde de l’emploi : « le redressement éducatif et le redressement productif sont liés », souligne-t-il.
Lutter contre les peurs.
De manière générale, Vincent Peillon affirme vouloir lutter contre les peurs et les crispations qui immobilisent l’école, et que ses prédécesseurs n’ont pas su vaincre même quand leurs diagnostics étaient justes. S’il souligne que l’école ne peut pas résoudre tous les problèmes de la société, en particulier en ce qui concerne les questions de mixité sociale (le rétablissement de la carte scolaire ne fera pas de miracle, annonce-t-il) ou celles du chômage, il estime aussi que le vaste chantier de la refondation de l’école va bien au-delà de la loi d’orientation, et doit ouvrir des perspectives ambitieuses : l’école de l’avenir est celle qui formera les citoyens de la fin de ce siècle, il faut quitter la vision immédiate et affective de la politique du moment actuel pour voir plus loin, hors des prérogatives ou intérêts particuliers « contraires à l’intérêt général ».
Beaucoup de questions concrètes restent donc en suspens, concertation et mises en œuvre concrètes obligent (ainsi des programmes, des dispositifs de formation, des répartitions de postes dont la formation initiale devrait consommer une part non négligeable), mais le Ministre donne rendez-vous aux sceptiques pour vérifier dans les mois à venir l’ampleur des changements opérés. « En quelques mois, conclut-il, nous n’avons pas chômé – et nous pouvons en être collectivement fiers ! »
Jeanne-Claire Fumet
Lien :
Le dossier de presse ministériel
http://www.education.gouv.fr/cid61272/annee-scolaire-2012-[…]
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