F. Jarraud
Le Bett show commence ! Jusqu’à samedi, le British Education and Training Technology accueille plus de 700 exposants tous spécialisés dans les Tice et près de 30 000 visiteurs. C’est dire que c’est sans doute le premier rendez-vous mondial de ce secteur. Dans un pays qui a beaucoup investi dans les tice, le BETT montre les nouveaux matériels et les logiciels éducatifs. Il propose des dizaines de conférences avec les meilleurs spécialistes de la FOAD, de l’enseignement mobile, ou de l’utilisation des Tic en classe. C’est pour toutes ces raisons que, cette année, le Café fait le voyage. Nous vous rendons compte de cette visite dans l’univers des tice.
Traverser le Channel
Rarement la Manche aura paru aussi large. Au moment où s’ouvre à Londres le BETT, la plus grande manifestation sur les Tice, Educnet publie de nouveaux chiffres d’utilisation des Tice en Angleterre. 80% des enseignants d’anglais et de littérature utiliseraient les Tice au primaire et près de 60% dans le secondaire. On aurait évidemment bien du mal à afficher de tels scores en France.
Ces chiffres ne sont pas surprenants. Sur ce sujet, la dernière comparaison entre ces deux pays est dans Pisa 2000. 60% des élèves de 15 ans y déclaraient ne jamais se servir en classe de l’informatique coté français, 20% coté anglais. Au primaire les chiffres étaient respectivement de 35 et 7%. 40% des écoliers se servaient plusieurs fois par semaine des ordinateurs en France, 70% en Angleterre. A vrai dire, la France était la lanterne rouge de l’Europe.
Expliquer cet écart est d’autant plus délicat qu’à coup sûr on ne peut pas incriminer l’équipement qui est partout au moins égal à la moyenne européenne. D’ailleurs les chiffres de 2000 montraient déjà davantage d’usages dans le primaire, là où l’équipement est plus aléatoire.
Bien d’autres facteurs interviennent pour élargir le Channel. On pourra citer le manque de persévérance politique au niveau national. La « république numérique » promise en 2003, la généralisation des ENT font partie des souvenirs évanouis. Cela s’explique aussi par le manque de clarté dans le partage des tâches entre Etat et collectivités locales dans ce domaine. Ces dernières ont largement investi dans les Tice. Mais elles sont sans cesse rappelées à l’ordre par l’Etat qui leur envoie des injonctions (récemment « achetez des TBI ») mais ne les traite pas en partenaire ou opérateur de l’intégration des tice. X. Darcos avait promis une charte entre l’Etat et les collectivités locales. Elle serait bienvenue… Le comportement de l’Etat est d’ailleurs identique face aux communautés enseignantes. Alors qu’elles ont gagné en maturité, qu’elles ont une influence réelle et qu’elles participent à la formation des profs, elles ne bénéficient d’aucun soutien de l’Etat.
On devine derrière ces positions le poids de la culture d’Etat. Il se retrouve également dans les établissements scolaires. Si les tice pénètrent plus vite à la marge (Cdi, musique, Eps etc.) que dans les « disciplines nobles » c’est peut-être que l’économie de l’Ecole et ses valeurs refusent cette intégration. C’est tout l’intérêt des tice que de nous inviter à refaire l’Ecole.
Le Café au Bett
Le Bett est le rendez-vous mondial, à Londres, des Tice. Le Café est présent sur place et a ouvert un blog sur cet événement. » Le programme de la visite est alléchant : rencontre avec des responsables du Besa (association de fournisseurs de solutions pour l’éducation), du Becta (agence gouvernementale pour la promotion des Tice, ; détours vers des programmes comme « buiding schools for the future», qui visent à la modernisation du système éducatif et de ses infrastructures ». Suivez la visite…
Le blog
http://cafepedagogique.studio-thil.com/communautes/BETT2008/default.aspx