Indignées. Elles ne quittent pas l’enseignement. Elles démissionnent de leur fonction de professeur principal. Un moyen de manifester leur opposition à la réforme du lycée. Et aussi de rendre le fonctionnement de l’établissement plus difficile car le professeur principal a des taches administratives à remplir en plus de taches pédagogiques. Au lycée Stéphane Hessel de Toulouse, 23 professeurs principaux du lycée général sur 47 ont remis leur démission.
Nuit des lycées
Le 15 février au soir une Nuit du lycée a lieu au lycée Stéphane Hessel. « On attend des parents pour des débats sur la réforme du lycée », explique Marie-Cécile Périllat, élue au conseil d’administration du lycée. Pour des enseignants du lycée ce n’est qu’une étape après d’autres mobilisations contre une réforme qu’ils voient d’un mauvais oeil. Même si le lycée n’a pas à se plaindre. Ses moyens sont maintenus au prix d’une extension de son secteur. « Beaucoup d’enseignants ont manifesté leur volonté de refuser la fonction de professeur principal si on leur propose ». Les démissionnaires ne seront pas facilement remplacés.
Le lycée Hessel n’est d’ailleurs pas le seul à voir les démissionnaires se multiplier. L’idée partie de Martigues a gagné le sud ouest. A Toulouse des enseignants ont aussi démissionné de cette fonction au lycée des Arènes, au lycée Déodat ou encore dans la région à Cugnaux, Gaillac, Colomiers.
« Comment aider mes élèves ? »
« Je démissionne parce que je ne suis plus en mesure de conseiller mes élèves pour leur orientation ». Professeure principale en seconde, professeure de SVT, Florence Boe, plus de 20 années d’enseignement, vit mal la réforme du lycée. « On ne connait pas les attendus exigés par l’enseignement supérieur. Comment aider les élèves dans le choix de leurs spécialités », nous dit-elle. Elle est mal à l’aise dans le nouveau système d’orientation. « Les élèves de seconde sont des jeunes gens de 15 ans . On leur demande de choisir une orientation post bac avec les spécialités. Or ils sont jeunes. Ils ont tout le temps de changer d’avis. On veut les mettre dans un tunnel ». Elle craint aussi des classes plus chargées avec la réforme.
« Je vais arrêter toutes les tâches administratives comme animer le conseil de classe, mettre les appréciations , recevoir les parents comme professeur principal. Mais je reste à leur disposition comme professeure de SVT », dit-elle. L’abandon de la fonction de professeur principal est un sacrifice à hauteur de 120 € par mois.
« Ils ne nous écoutent pas »
« On a l’impression que tout va bien. Ils ne nous écoutent pas, nous les professionnels de l’éducation ». Hellen Goiran est professeure de maths et professeure principale de Terminale. Elle aussi a rendu cette fonction. Elle veut protester contre une institution qui méprise ses cadres. Et elle en paye le prix (un peu moins cher qu’en seconde).
Et puis il y a le problème des maths. « Les maths ne sont plus dans le tronc commun. Les maths sont des spécialités. Des élèves vont les prendre car les maths sont nécessaires au post bac. Or le niveau est nettement relevé. On va avoir de gros problèmes en classe et la sélection par les maths sera bien là ».
Au delà des maths, H Goiran ne croit pas dans le discours sur le libre choix des élèves. « On leur dit il n’y a plus de filières. Mais très vite elles vont se recréer. Et on demande aux élèves de faire des choix d’orientation beaucoup trop tôt. La réforme est inégalitaire ».
Comme ses collègues, H. Goiran a averti les parents de sa décision. « Ils comprennent notre démarche. Ils voient bien que si ponctuellement c’est embêtant pour eux, à long terme c’est pour leurs enfants ». On saura vendredi soir si les parents soutiennent les enseignants.
François Jarraud