Faut-il encore échanger sur les rythmes scolaires ? C’est le pari que fait l’Association des maires d’Ile-de-France qui tient du 9 au 11 avril ses assises annuelles avec, le 10 avril, une matinée sur les rythmes. Devant un public d’élus, représentants des parents, des enseignants et des maires ont pu échanger et se retrouver sur des consensus. Mais que valent les paroles face aux intérêts et à la campagne de 2014 ?
« Les orphelins de 16h30 pourraient bien devenir ceux de 15 heures ». Cette sinistre prévision est faite par Jacques JP Martin maire de Nogent sur Marne (94), une commune qui attendra 2014 pour changer les rythmes scolaires. Il met ainsi l’accent sur le coût de la réforme et donc sur les convictions des élus. Car c’est bien cela au final qui explique que si tout le monde affiche son accord avec la réforme, beaucoup trainent des pieds.
Le coût de la réforme est bien un frein à sa réalisation. « Comment concilier intérêt de l’enfant et coût financier » s’interroge Jacques JP Martin ? Un autre maire, Claude Capillon explique que les nouveaux rythmes entraineront en 2014 750 000 euros de dépenses supplémentaires avec l’embauche de 150 nouveaux animateurs. A Nogent c’est 1% d’impôts locaux supplémentaire. A ces remarques, Jean-Jacques Hazan, le président de la FCPE, a la réponse : « Un projet de société ça coute mais c’est un coût qu’on veut assumer ». C’est aussi le sentiment de Yannick Trigance, conseiller national PS pour l’éducation : « c’est un vrai projet de société » par lequel on peut lutter contre les inégalités scolaires. Là où la réforme est appliquée , elle réussit. Y Trigance relève que ce sont les communes les plus pauvres qui s’emparent de la loi dès 2013. Arnaud Wauqier, vice-président de l’Andev (association des directeurs de l’éducation des villes) souligne que la CAF est frileuse dans son soutien alors qu’elel porte une partie de la solution financière.
Alors tout serait-il affaire de conviction ? Les rythmes actuels sont responsables des sorties sans qualification pense JJ Hazan. Il donne en exemple le Danemark où les enfants ont 5 jours de classe avec 4h45 de cours sur 200 jours minimum. En France c’est 6 heures sur 140 jours réels. Les enfants trop fatigués décrochent. Du coté de la Peep, Valérie Marty souligne le manque de conviction de la moitié des parents. Ils attendent un recentrage sur les fondamentaux plus qu’une réforme des rythmes.
D’où la nécessité de se concerter. C’est le maître mot de cette rencontre. Sébastien Sihr, secrétaire général du principal syndicat du primaire, le Snuipp, souligne que la concertation nationale quadripartite (état – commune – enseignants – parents) n’a jamais pu avoir lieu malgré ses demandes. La concertation locale est aussi nécessaire pour la mise en place d’activités de qualité. Pour Arnaud Wauquier pour que la concertation soit efficace il faut que élus et enseignants aient une bonne connaissance des problèmes de l’interlocuteur; donc une formation est nécessaire pour établir un vrai diagnostic partagé.
Car la réforme est possible. Dans la salle des élus témoignent du passage de leur commune dès 2013. A Nandy (77) la commune redéploie des moyens pour mettre en place du périscolaire gratuit. A Romainville la mairie organise la confrontation des projets des parents, des enseignants et de la ville. A Eragny (95) la moitié des familles a répondu à un sondage qui a permis de faire évoluer le projet municipal. Le périscolaire sera là aussi gratuit mais dans la limite des 3 heures officielles.
Ce qui est possible en 2013 le sera-t-il encore en 2014 ? Les élus présents promettent de faire au mieux en 2014 à défaut de 2013. Mais le combat politique pourrait bien contrarier ces engagements le moment venu.
François Jarraud