Par François Jarraud
Les TICE peuvent-elles changer l’école ? Surement pas toutes seules. Mais, au collège multi-sites d’Asfeld (Ardennes), Damien Lebègue, un professeur d’EPS, invente un nouvel usage pour les tablettes numériques. Il les transforme en véritable objet de médiation éducative, entre enseignants et élèves, au coeur d’un projet qui travaille l’interdisciplinarité et l’estime de soi.
Une démarche inclusive en EPS. En 2009, Damien Lebègue avait été lauréat du Forum des enseignants innovants pour un remarquable projet qui mettait les TICE au service de l’intégration scolaire. A mi chemin entre le facteur Cheval et Géo Trouvetout, cet enseignant passionné avait réquisitionné de vieilles consoles Nintendo pour favoriser une pédagogie visant l’inclusion et l’autonomie. Equipés de ces vieilles consoles les élèves, travaillant en groupe, avaient à disposition des fiches techniques et des consignes transposées sur les game boys sous forme d’animation. En autonomie ils pouvaient se filmer et comparer leurs exercices aux animations. La consigne donnée aux élèves était déjà de rechercher par eux-mêmes des réponses à leurs questions avant de venir échanger avec le professeur. Chacun progresse à son rythme, réalisant des activités adaptées à ses capacités du moment. Vraiment chacun : Damien Lebègue avait équipé un mur d’escalade de capteurs réagissant aux sollicitations des game boys pour permettre aux élèves malvoyants de faire de l’escalade avec leurs camarades…
Sokletis : des tablettes pour l’autonomie. Il fallait rappeler cette démarche pour comprendre le projet Sokletis présenté par Damien Lebègue aux Journées de l’innovation organisées par le ministère les 31 mai et 1er juin. D Lebègue a donné de l’ampleur à son projet. Il a troqué ses game boys récupérées pour d’authentiques tablettes numériques, solides et équipées d’une caméra, qui équiperont toute une classe de sixième du collège. Là encore les tablettes servent aux élèves pour développer leur autonomie. Equipés des tablettes les élèves ont l’interdiction de questionner l’enseignant. « J’ai remarqué qu’ils n’écoutent généralement pas les réponses données par les enseignants. Ou ils peuvent poser une question à laquelle le professeur vient de répondre. Souvent ils formalisent de façon imprécise leur requête », nous dit D Lebègue. La tablette vient se glisser entre profs et élèves. Une fois que les élèves ont récupéré, sur leur tablette, les consignes déposées sur le serveur du lycée, ils peuvent interroger le professeur. Mais ils le feront par l’intermédiaire de la tablette en enregistrant en vidéo leur question. Elle arrive ainsi dans un espace de question-réponse partagé. Le professeur peut ensuite y répondre et sa réponse est partagée avec toute la classe. L’élève est renforcé dans son autonomie.
Et pour l’interdisciplinarité. « En maths on le sait bien c’est souvent des problèmes de compréhension de l’énoncé qui font échouer l’élève. D’où l’intérêt de faire travailler ensemble les professeurs de français et de maths ». Le dispositif Sokletis permet cet échange. Les questions des élèves et les réponses des enseignants sont partagées et le professeur de français, peut travailler, par exemple, sur le vocabulaire de la division. La tablette est aussi médiatrice entre les neuf enseignants de la classe. Elle matérialise l’apprentissage des compétences du socle. Surtout elle transforme les relations entre les enseignants. Tout comme elle encourage l’estime de soi des élèves en créant ce partenariat entre élèves et professeurs.
Liens :
Damien Lebègue au Forum des enseignants innovants de 2009
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/eps/Pages/[…]
http://cafepedagogique.net/communautes/Forum2009/Lists/Bi[…]
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