Peut-on à la fois faire 50 milliards d’économies et continuer à recruter 60 000 enseignants ? L’exercice est difficile. Il pourrait bien mettre l’École devant ses responsabilités en matière d’efficacité.
La question de l’avenir des 60 000 postes est posée à nouveau par Les Echos du 11 mars qui affirme que « certains (dans l’entourage du président de la République) plaident pour revenir sur une partie des quelques 35000 postes restant à créer ». Le Café l’avait posée dès le 7 février. « Le gouvernement reste face à un problème majeur : comment arriver à diminuer ses dépenses de 50 milliards. La solution la plus simple est encore de diminuer la masse salariale par un gel ou par des diminutions de postes. Tous les ministères connaissent le gel des postes depuis 2 ans. Seule l’Education nationale a embauché massivement avec la perspective de 54 000 créations de postes d’ici 2017. Comment cette programmation arrivera-t-elle à être maintenue ? »
Depuis deux ans, l’effort consenti en faveur de l’éducation nationale n’est pas seulement réel. Il est inouï. Dans une situation économique très difficile, imposant un budget d’austérité, l’éducation nationale est le seul ministère à connaître une croissance importante de ses emplois. Pire, il vampirise depuis 2 ans les autres missions de l’Etat. Chaque poste créé à l’éducation nationale est payé par les autres ministères qui voient partir des emplois. C’est dire l’impopularité de cette politique chez les collègues de Vincent Peillon.
Pour autant cet effort exceptionnel reste quasi invisible aux enseignants du fait de la croissance démographique. Les 8 000 postes ouverts dans les classes vont être absorbés essentiellement par elle. Les prévisions ministérielles annoncent 32 000 enfants de plus au primaire dont 3700 enfants de moins de 3 ans. Dans le second degré , on prévoit 9000 élèves supplémentaires en 2014 principalement au collège (+ 4000) et en lycée général et technologique (+ 8500), les effectifs en professionnel diminuant de 3 500 élèves. Le nombre d’élèves par classe ne devrait donc pas sensiblement changer et les conditions de travail des enseignants s’améliorer.
Les choix de 2012 sont maintenant en train d’entrer en conflit avec ceux de 2014. On en a eu une première illustration à propos de la revalorisation, devenue impossible compte tenu des créations de postes. La nouvelle orientation gouvernementale, avec les 50 milliards d’économie, rend l’exercice encore plus difficile. La tentation sera forte de contraindre l’Education nationale à rendre une partie sensible de son budget.
Le récent rapport de la Cour des Comptes sur la gestion de l’Education nationale apporte des arguments aux partisans de l’effort. Si l’Education n’a pas assez investi au primaire, qui devrait rester une priorité, la France dépense beaucoup plus que ses voisins sur le secondaire. C’est là, au lycée précisément, que des efforts de gestion ont été désignés par la Cour des comptes. L’épisode des CPGE a montré que s’y attaquer est difficile…
Mais le meilleur argument des défenseurs du budget de l’Education est peut-être à chercher chez le président lui -même. Les 60 000 postes c’était son idée. Elle avait pris son entourage par surprise. « Depuis deux ans on est protégé par le bouclier présidentiel. Je pense que ce bouclier va être maintenu sauf à se bruler les ailes politiquement pour Hollande », nous disait Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa, en février dernier. « Comment ferait-il machine arrière ?… Ma conviction c’est qu’on va continuer à être privilégié. Aller plus loin, s’attaquer aux horaires des lycées par exemple, me parait également politiquement très dangereux ». Entre sa parole et sa politique, le président est à l’heure des choix.
François Jarraud
Le 7 février
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2014/02/07022014Article63[…]
Le 10 février
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2014/02/10022014Article63[…]
La FCPE souhaite le maintien de V Peillon après le remaniement
Vincent Peillon est-il indispensable à la refondation ? Pour Paul Raoult, président de la FCPE, première association de parents d’élèves, la réponse est positive. Dans un entretien accordé au Café pédagogique, il fustige les opposants à la réforme des rythmes scolaires et plaide pour le maintien rue de Grenelle de Vincent Peillon.
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2014/03/11032014Article6[…]
Sur le site du Café
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