Comment réorganiser l’épreuve de contrôle ? Comment aider les élèves les plus fragiles ? Comment améliorer la poursuite d’études ? Comment améliorer les compétences professionnelles des élèves ? Le Snetap Fsu, syndicat de l’enseignement agricole, fête à sa manière les 30 ans du bac pro par un document qui synthétise 5 journées de réflexion dont le Café pédagogique s’est fait l’écho. Pour le Snetap, l’avenir du bac pro c’est le retour aux 4 années de formation. Mais il se joue aussi dans la refonte du parcours et du curriculum.
Bricolage et perte de repères
Ce qui frappe quand on lit les documents du Snetap,c’est l’isolement et le bricolage permanent dans une filière professionnelle où les certifications devraient être beaucoup plus précises. Ce sot souvent des enseignants isolés qui fabriquent des sujets de certification passés en contrôle en cours de formation. C’est le cas de façon la plus claire pour le BEP agricole (BEPA). Les enseignants se trouvent confrontés à des élèves jeunes, faibles, peu motivés alors que les évaluations du BEP et du bac pro se chevauchent. Une situation qui interroge au final la professionnalisation. Une question qui existe aussi dans l’Education nationale où les enseignants se plaignent de la déprofessionnalisation des bacs rénovés (bac GA par exemple). Et compte tenu du fait que le bac pro est aussi un bac qui ouvre le supérieur, au défi de la professionnalisation s’ajoute celui de la poursuite d’études. Un double défi que le syndicat veut affronter dans une volonté d’aide aux élèves, et non de sélection.
Une double exigence : professionnaliser et permettre la poursuite d’études
Comment améliorer les compétences professionnelles des élèves ? Le syndicat recommande de revoir l’organisation de l’emploi du temps en garantissant la possibilité de 2 après-midi de pratique dans la semaine (2 fois 4h00) au cours des 2 premières années. Il invite à consacrer un tiers du temps en formation pratique en années 1 et 2. Le nombre de semaines de stages passerait de 10 en années1 et 2 à 8 en années 3 et 4, le bac pro devant revenir à 4 ans pour le Snetap.
Comment améliorer la poursuite d’études ? Le Snetap relève que la moitié seulement des bacheliers pro agricoles obtiennent un BTS agricole en 2 ans. 15% décrochent dès la première année. « C’est dans l’enseignement supérieur qu’apparaissent toutes les fragilités, faiblesses du Bac Pro 3 ans même pour ceux-celles qui ont obtenu le diplôme, un diplôme qui est donc pour certain-es très fragile. On retrouve ainsi pour les bachelier-ères : le manque de maturité, le manque de recul par rapport aux connaissances, la faiblesse de celles-ci, une poursuite d’études subie… Au final, des élèves moins bien formé-es, plus jeunes, à l’orientation plus incertaine, se heurtent aux exigences de l’enseignement supérieur (surtout court) et s’y cassent les dents ».
Revoir les curriculums
Le syndicat fait trois propositions. La première consiste à revoir la formation en amont : « anticiper l’orientation en BTS (A) dès l’année de terminale en préparant les élèves dans les dispositifs de personnalisation à une poursuite d’études. Par exemple, l’individualisation n’est pas que du soutien mais doit aussi pour certain-es être un approfondissement dans certaines disciplines (notamment générales) ». Le renforcement de l’enseignement général semble aussi important que la professionnalisation.
Pour le Snetap il faut aussi gérer la transition en BTS. « Accueillir les bachelier-ères pro qui en ont besoin dans un dispositif sur le 1 er trimestre de BTSA afin de conforter des bases pour l’enseignement supérieur ». Globalement en amont et aval, il faut « renforcer la formation générale, scientifique et technologique des élèves ».
Au final, la réflexion du Snetap va bien au delà d’une revendication d’un retour au bac pro en 4 ans dont l’issue semble bien improbable. Le syndicat parle de la réussite des élèves et interroge le double défi du bac pro. Des questions pour lesquels l’Education nationale fait ele aussi la sourde oreille.
François Jarraud