« Je me suis levé ce matin un peu angoissé de cette journée ; est-ce que les élèves allaient percevoir la gravité du moment ? » Principal du collège Joseph Bara de Palaiseau (Essonne), Jean-Luc Simon raconte comment son collège a fait face à la journée de recueillement y compris à la poignée de réfractaires.
Comment avez-vous préparé la journée de recueillement ?
En centre ville, le collège Bara recrute sur une zone populaire et compte 23% de boursiers. C’est un collège d’environ 400 élèves , multiculturel. Le 8 au matin, à la suite de spropos du président de la République, j’ai réuni les enseignants et on a décidé de faire la minute de recueillement à 11 heures, l’organisation de la demi pension rendant difficile de le faire à midi. Les professeurs ont décidé de le faire dans leur classe. J’ai préparé un petit texte qui a été lu dans les classes.
Des élèves ont-ils refusé de faire la minute de silence ?
Globalement ça s’est bien passé. On a eu 4 ou 5 réfractaires et un nombre plus important d’élèves qui voulaient aller plus loin. Des délégués de 3e sont venus me demander de pouvoir afficher un peu partout dans le bâtiment des « Je suis Charlie » qu’ils avaient imprimés chez eux. J’ai dit oui.
Il y aura toujours quelques jeunes pour se distinguer. Notre message doit s’adresser à eux surtout. Il faut passer du temps avec eux pour essayer de comprendre et leur faire comprendre. C’est ce que font les enseignants. Nous sommes là pour chacun de nos élèves, même si parfois ils suscitent en nous un « léger » agacement, voire un découragement certain. Ce moment est une bonne occasion de travailler sur la tolérance et les valeurs fondamentales qui cimentent une démocratie.
C’est important de dialoguer avec eux ?
C’est indispensable. Ces élèves je les suis avec les enseignants. C’est notre mission d’éducateur. Mais elle a une limite : nous manquons de connaissances sur l’islam et il serait bon qu’il y ait des formations qui nous aident à argumenter avec les élèves.
Le dialogue peut davantage que la sanction ?
C’est un peu la même situation que pour le voile. Il y a la loi. Par exemple des propos peuvent tomber sous le coup de la loi. Mais avec les jeunes filles voilées on prend le tempsd e leur expliquer al loi et de dialoguer avec elles. Au bout du compte c’est la loi qui prévaut . Mais notre métier c’est le dialogue. Globalement je suis rassuré et je veux être confiant. Nos jeunes continueront de porter haut les valeurs qui sont les nôtres pour défendre à leur tour les libertés fondamentales.
Propos recueillis par François Jarraud