C’est peut-être son premier souci, le principal problème de la France… Le prédicat a fait la Une du Figaro, suscité des milliers de commentaires dans les médias et provoqué la réaction d’au moins un syndicat enseignant. Le Conseil supérieur des programmes (CSP) devrait publier le 24 janvier une mise au point que le Café pédagogique s’est procurée.
La grammaire n’est pas simplifiée…
« Le conseil n’a procédé à aucune simplification de la grammaire, dont les règles et principes restent inchangés », écrit le CSP. « Il a en revanche souhaité modifier les modalités d’enseignement aux élèves de cette grammaire pour le rendre plus efficace et améliorer les apprentissages des élèves. L’objectif est bien de permettre que les élèves fassent montre d’une meilleure maitrise grammaticale à la fin de la scolarité obligatoire, à l’écrit comme à l’oral ».
Mais rendue plus progressive et accessible
Le CSP explique ensuite sa démarche qui vise à aller du simple au plus complexe. « Le CSP a donc accordé la priorité à l’apprentissage de ce qui est régulier, fréquent et essentiel au cycle 3 (CM1, CM2, 6ème) de telle sorte que l’élève dispose de termes généraux permettant de décrire et analyser la phrase simple, avant d’entrer dans le détail des sous constituants. Il a fait le choix de limiter le plus possible la terminologie d’étiquetage en faisant d’abord identifier les grandes catégories grammaticales, comme celle de « déterminant du nom » par exemple, avant d’entrer dans le détail des différentes sortes d’articles et d’adjectifs qui jouent ce rôle. S’agissant de l’analyse de la phrase simple, qui est l’objectif du cycle 3, le CSP a, de la même façon, préconisé que l’élève sache d’abord découper la phrase à partir des concepts de « sujet » de la phrase (c’est-à-dire « ce dont on parle », qui peut être exprimé par un nom, un groupe nominal, un pronom, un verbe à l’infinitif etc.) et de « prédicat » (ce que l’on dit du sujet) ».
« Le « prédicat » contribue, pour l’analyse de la phrase simple, à relativiser l’importance d’un grand nombre de termes trop techniques, tout en permettant à l’élève de disposer d’un principe clair d’analyse : la phrase française de base est constituée de deux éléments essentiels (le sujet et le prédicat) auxquels on peut éventuellement ajouter des éléments, qui sont quant à eux déplaçables ou supprimables. Le prédicat est donc un outil qui peut être utile pour entrer dans l’analyse grammaticale. »
Un concept qui n’est pas nouveau
Le Conseil souligne que le concept est nouveau dans les programmes mais « pas du tout en grammaire » et qu’il ne se substitue pas aux compléments du verbe. « Les compléments continuent donc d’être étudiés systématiquement ». » Il ne s’agit pas d’une notion exclusive sur laquelle reposerait une prétendue nouvelle grammaire », note le CSP.
Une progression identique à celle de 2008
On en arrive aux fameux compléments du verbe. » Le détail des compléments du verbe, qui n’est véritablement utile que pour le cas de l’accord du participe passé employé avec l’auxiliaire « avoir » lorsque le complément est antéposé, n’est pas nécessaire au cycle 3, qui traite les cas simples de l’accord du participe passé employé avec les auxiliaires « avoir » et « être ». Ce cas particulier est traité au cycle 4, après que les élèves ont assimilé les grandes régularités de la langue et les cas les plus fréquents ; il n’y a là aucune nouveauté dans la progression proposée et aucun abandon d’exigence, puisque les programmes de 2008 avaient eux aussi prévu que cette étude ne commence qu’à partir de la 5ème ».
Le communiqué nous rappelle une autre chose que les parents ont déjà constaté. Les programmes scolaires changent d’une génération à l’autre. De nouvelles notions apparaissent. Et les parents font avec parce que c’est l’avancée normale de l’Ecole et du temps.Pourquoi faudrait -il que le temps s’arrête en grammaire ?
François Jarraud