Du 25 au 28 janvier, 14 groupes de collégiens et lycéens venus de la France entière se réuniront à Paris pour présenter leurs travaux et participer à la commémoration du 27 janvier, Journée de la mémoire de l’Holocauste et de la prévention des crimes contre l’humanité. Léa Bureau, professeur au lycée Delacroix de Drancy témoigne de ce projet d’éducation citoyenne
Un acte d’engagement
« Ils le font comme un acte d’engagement ». Professeure au lycée Delacroix de Drancy, Léa Bureau travaille avec Yaël Saadoun, sa collègue d’histoire-géographie, à l’encadrement du groupe d’élèves des Ambassadeurs de la mémoire. Ce projet, porté par le ministère de l’éducation nationale et le Mémorial de la Shoah, fait travailler des collégiens ou des lycéens sur la mémoire du génocide et aussi sur des actes qui ont permis de sauver des vies humaines.
Au lycée Delacroix, un établissement situé tout près de la cité de la muette, l’ancien camp de concentration de Drancy, ce sont 7 élèves de première ES et L qui participent au projet. Ils ont choisi d’évoquer la mémoire d’Adolfo Kaminsky, un juif argentin installé en France , qui a eu une activité importante de faussaire durant la seconde guerre mondiale et aussi après. En fabriquant des faux papiers il a sauvé des milliers de juifs.
« On bénéficie de deux heures hebdomadaires de travail en atelier avec les élèves », nous a dit Léa Bureau. « On se retrouve soit au lycée, soit au Mémorial qui dispose de nombreux documents. Ils travaillent aussi en dehors des cours. J’ai été surprise par exemple de constater l’avancée de leurs travaux durant les vacances de Noël ».
Pourquoi se sont ils lancés dans ce projet ? « Cela a fait suite à une visite du Mémorial de Drancy par la classe », explique Léa Bureau. « La plupart des élèves ne connaissent pas ce Mémorial qui est tout près du lycée. Ils se sont intéressés à la façon dont les gens survivaient dans le camp. Et il y a aussi l’idée de l’engagement qui leur a bien plu ».
Affronter l’histoire
Qu’apprennent-ils ? « Beaucoup de choses. Bien sur ils acquièrent des connaissances historiques. Mais ce qui m’a le plus impressionné c’est leur capacité à travailler de façon autonome. On ne la soupçonne pas dans le travail scolaire ».
« Enseigner la Shoah à Drancy n’est pas difficile. Je n’ai jamais rencontré de difficulté sur ce sujet. Je trouve même que les élèves ont de meilleures connaissances sur ce thème que sur d’autres événements, le génocide arménien par exemple », dit Léa Bureau. « Le problème des élèves c’est plutôt le sentiment de honte qu’ils peuvent ressentir d’habiter Drancy, une ville marquée par la Shoah ». Les Ambassadeurs de la mémoire sont aussi une façon d’affronter ce passé.
François Jarraud