En bref, une sélection de ressources…
Un Mooc sur les 5 focales de R Goigoux
Roland Goigoux a synthétisé les principaux résultats des recherches en éducation et identifié 19 critères permettant de décrire les caractéristiques des pratiques pédagogiques les plus efficaces. Il a groupé ces critères en cinq rubriques, cinq points de vue à partir desquels observer et analyser une pratique d’enseignement : Planification, Régulation, Explicitation, Motivation et Différenciation. Il propose un mini MOOC qui vise une double amélioration : celle des apprentissages professionnels des enseignants dans le but de favoriser les apprentissages des élèves.
100 ans d’Education nouvelle dans Dialogue
La revue du GFEN consacre ce nouveau numéro (182) au centenaire de l’Education Nouvelle. « Depuis ses origines – qu’on peut faire remonter, dans ses aspirations, au siècle des Lumières – l’Education nouvelle vise essentiellement l’émancipation intellectuelle, la capacité pour chacun de penser par soi-même tout en s’inscrivant dans une socialisation élargie, de participer aux débats de son époque et de contribuer à l’évolution des rapports sociaux », écrit J Bernardin. « C’est de ce point de vue qu’elle juge les méthodes : au-delà même des contenus d’apprentissages explicites, à quelles finalités préparent-elles ?… L’Education Nouvelle a inspiré, accompagné, légitimé et outillé la démocratisation de l’Ecole, de façon officielle parfois, clandestine très souvent, au gré des époques : exigence de démocratisation structurelle (une même école pour tous) et culturelle (lutte contre l’échec scolaire, droit à la réussite) ». Le numéro évoque des figures de l’Education nouvelle comme Paul Faucher, Gaston Mialaret. Il donne la parole à des militants du GFEN qui présentent leurs pratiques.
Dialogue, 100 ans d’Education Nouvelle. une histoire à partager, n°182.
Que pourrait l’Ecole contre le réchauffement climatique ?
« La réaction la plus dangereuse au réchauffement est sans doute une sorte de nihilisme larvé : la vie ne vaut rien puisqu’elle est tellement menacée, il n’y a pas de raison de chercher à la protéger. L’Ecole peut le prévenir en donnant envie aux jeunes de continuer ce monde (nature et société), en montrant et faisant aimer davantage les accomplissements de l’humanité… Humiliations et injustices sont, de ce point de vue, des aliments du nihilisme. Une Ecole qui aime le monde et qui aime ses élèves le prive d’aliments », écrit Denis Meuret. Il suggère deux pistes pour faire face au réchauffement. La première est « équiper les élèves de capacités leur permettant de faire face aux conséquences. pour lui il s’agit de développer des capacités d’adaptation. « Vis-à-vis des catastrophes, l’Ecole doit développer la résilience, la capacité de rebondir. Au Canada, certaines Ecoles mettent en œuvre des programmes favorisant le développement de cette qualité, mais il est clair que des recherches sont nécessaires à ce sujet. L’Ecole doit aussi développer la solidarité. En cas de catastrophe, la solidarité est le comportement qui minimise les inconvénients pour tous ». L’Ecole doit aussi « équiper les élèves de connaissances et d’attitudes favorables à la limitation du réchauffement ». « L’Ecole doit donc présenter les différentes politiques ou comportements possibles (développer le nucléaire ou l’éolien, taxer ou non les émissions de carbone, manger local ou manger moins de viande, etc.) du point de vue de leur capacité à diminuer les émissions et de leur équité. Elle doit aussi aborder la question des effets collectifs des comportements de chacun . Cela importe parce que les enfants sont plus que d’autres enclins à surestimer les conséquences de leur comportement… La part des formes interdisciplinaires d’enseignement augmenterait puisque le réchauffement est une question interdisciplinaire. L’importance de chaque discipline dépendrait aussi de sa contribution à la prévention du réchauffement et chacune devrait viser davantage cet objectif. »
Quelle pédagogie laïque ?
Comment conserver le sens et la valeur originelle du concept de laïcité, le régénérer et le faire comprendre, dans notre temps ? La question est d’actualité. En 2018, JP Delahaye, inspecteur général et ancien Dgesco, y répondait. » Le meilleur enseignement possible concernant les valeurs de la République ne sera efficace que si la réalité sociale n’apporte pas un démenti à ce qui est enseigné », écrit-il. » Par leurs réflexions, les élèves doivent être en activité pour faire vivre la laïcité au sein de leur établissement, car ils vivent des situations mettant en jeu leur liberté d’action, leur permettant de résoudre des difficultés et de distinguer savoir et croyance. Inscrite dans leur quotidien, la laïcité est un outil utile pour faire l’apprentissage de la citoyenneté, pour apaiser le climat scolaire et faire réfléchir sur l’usage que chacun fait de sa liberté. La laïcité garantit deux valeurs – liberté et égalité – et pour ce faire, elle utilise deux moyens – séparation et neutralité. »
Jean Houssaye : Pédagogie et utopie
« En éducation aujourd’hui, nous sommes en panne d’espoir et nous avons tendance à désespérer du politique en la matière. Le risque est grand d’adopter des discours spécialisés, aseptisés et désengagés, fortement basés sur des critères de rationalité qui ne tiennent pas compte des projets sociaux de l’éducation » Dans la Revista Teias, Jean Houssaye veut réveiller l’utopie pédagogique. Se réclamant de P Freire, il appelle à une autre perspective. « L’éducation doit être envisagée en tant que projet de libération et la pédagogie doit conduire à l’accomplissement des valeurs civiques et démocratiques ». Pour lui, » l’éducation a toujours été traversée par une force de proposition et une force de soupçon, par l’affirmation d’une volonté et par la dénonciation de la critique. Pendant longtemps, la volonté l’a emporté sur la critique. C’était le bon temps, celui où pédagogie et politique se disaient directement et conjointement. Ce monde s’est effacé parce que la critique est devenue première, quitte à se faire volonté. Il ne peut plus y avoir vraiment “projet” politique en pédagogie, mais seulement intention politique en pédagogie, ouverture politique en pédagogie, expérience politique en pédagogie. La politique est plus que jamais nécessaire en pédagogie. On sait que la pédagogie est éducation au politique, on sait qu’elle doit l’être, on sait qu’elle ne peut l’être vraiment que dans une société démocratique, mais on sait qu’elle ne peut vouloir une politique : elle est dessein politique, mais non dessin politique, même si elle a la politique comme destin. Mais, à ceci une condition : que la pédagogie reste liée à l’utopie, faute de quoi elle n’est plus qu’un service de la politique ».
Le ministère étudie la réforme de la forme scolaire
Ce sont 250 millions qui sont proposés dans un appel à manifestation d’intérêt du PIA4 pour « l’innovation dans la forme scolaire ». » Cet appel à manifestation d’intérêt propose de financer des expérimentations de nouveaux dispositifs de formes scolaires pour identifier les plus prometteurs et créer un réseau national d’acteurs engagés dans une démarche d’expérimentation, de recherche et de partage. ». Le document appelle des projets d’au moins 2 millions chacun. Il s’agit de » décloisonner les enseignements disciplinaires, centrer l’enseignement sur les processus d’apprentissage2, sur l’acquisition de connaissances et de compétences durables et transposables3, favoriser les compétences dites du XXIe siècle4, réinvestir tout apprentissage d’un sens immédiatement compréhensible par les élèves, adapter l’enseignement aux caractéristiques et aux besoins particuliers des élèves, renforcer la coéducation avec les parents d’élèves, réaffirmer la place de l’oral dans le processus d’apprent
issage et dans sa valorisation ». Dans les changements envisagés il y a la modification du temps scolaire et des espaces , le développement de la coopération entre enseignants etc. Des idées à creuser. Mais des projets d’au moins 2 millions, soutenus par un dossier aux normes des PIA, on se doute que ce ne sont pas des projets qui viennent du terrain. Mais plutôt qui risquent d’utiliser le terrain…
Comment influencer les pratiques pédagogiques des professeurs ?
Le dernier colloque du Cnesco l’a montré : rien de plus dur que de légitimer aux yeux des enseignants une réforme. Alors comment les influencer ? Roland Goigoux, Juliette Renaud, et Isabelle Roux-Baron réfléchissent à cette question dans une publication des Presses universitaires de Louvain. Ils écartent l’idée qu’il suffirait de diffuser des expérimentations « efficaces » ou de transmettre des connaissances. Ilsne croient pas plus en la vertu de « l’accompagnement ». Ils invitent à concevoir des outils avec les enseignants en passant par la co-conception d’un outil à la fois didactique et ergonomique. « En France comme ailleurs, ceux qui pilotent les systèmes éducatifs se trompent s’ils croient : qu’il suffit de communiquer les connaissances scientifiques aux enseignants pour qu’ils modifient leurs pratiques en conséquence ; qu’on peut imposer aux enseignants (et espérer qu’ils appliquent fidèlement) des dispositifs qui ont fait la preuve d’une certaine efficacité dans des situations expérimentales ; qu’une innovation ne peut être correctement diffusée et utilisée que si elle est soutenue par une formation ad hoc ou un accompagnement individuel. Les solutions que nous préconisons reposent sur d’autres types de collaborations entre décideurs, chercheurs, formateurs et enseignants. Elles supposent : d’accorder confiance et considération au travail des enseignants, de prendre appui sur leurs savoirs d’expérience ; de miser sur la conception et la diffusion d’outils ou scénarios didactiques innovants pour influencer les pratiques des enseignants et leur permettre d’acquérir de nouvelles connaissances sur les apprentissages ; de considérer l’activité de conception d’outils comme une activité scientifique à part entière associant étroitement chercheurs et enseignants dès le début du processus jusqu’aux phases d’essaimage ».
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