« Ils ont pris conscience que le patrimoine d’Eaubonne est une richesse qui leur appartient ». Professeure d’histoire géographie au lycée d’Eaubonne (95), Yolande Besida a réalisé avec son collègue de lettres, Jean-François Croz, et des élèves de seconde une exposition sur la patrimoine d’Eaubonne installée à la médiathèque de la ville. Un projet qui a amené les élèves à une double démarche citoyenne : prendre conscience du patrimoine local et aussi préparer une exposition pour le grand public.
Confrontés au patrimoine
« On a cherché à développer le regard des élèves sur le patrimoine local », nous dit Y Besida. Le lycée d’Eaubonne propose l’enseignement d’exploration patrimoine. Deux heures par semaine les deux enseignants accueillent des élèves de seconde pas toujours vraiment volontaires pour cet enseignement. Pour la plupart la notion de patrimoine , et surtout de patrimoine artistique et urbain, ne veut pas dire grand chose.
Comment leur faire comprendre que la cité leur appartient et que ce patrimoine est le leur ? Yolande Besida et Jean-François Croz doivent gérer un groupe de 32 élèves. « On a pensé à la pédagogie des TPE », explique Y Besida. « Confronter les élèves à la recherche en partant d’un point qui les intéresse ».
Comme le patrimoine semble une idée lointaine, les deux enseignants exploitent les appétits des élèves. Tels élèves qui visent le professorat des écoles doivent rédiger les panneaux dans des termes accessibles aux enfants. Tels élèves passionnés de photos doivent apprendre à photographier des monuments. Tels autres travaillent sur le métier de responsable de fond patrimonial.
Enquêtes de terrain
La ville d’Eaubonne compte un patrimoine immobilier du 18ème siècle particulièrement riche car la ville a été dessinée par l’architecte Joseph Florent Le Normand de Mézières. L’Antiquité était une référence de cette architecture et est restée une référence culturelle, tout en étant au programme d’histoire de 2de.
Pour lancer le projet les élèves sont allés sur le terrain à la découverte des monuments avec le cercle d’histoire local et à la médiathèque qui allait accueillir leur exposition. Tout ce travail est l’occasion de tisser des liens avec la ville. C’est aussi un formidable exercice de vocabulaire. « On ne se rendait pas compte de la pauvreté de leur bagage culturel », dit Y Besida. « On l’a vu en constatant que les élèves n’avaient pas de vocabulaire pour désigner les éléments d’architecture comme les colonnes ».
Un travail citoyen
Un moment fort du projet a été la confrontation des élèves avec les exigences muséographiques de la médiathèque. Là ils ont pris conscience qu’ils étaient engagés dans un vrai projet soumis au regard du public. Ils ont du modifier les panneaux pour tenir compte des besoins du grand public.
Finalement ce projet débouche sur la reconnaissance. Reconnaissance des jeunes envers la ville et son cadre dont ils comprennent qu’il leur appartient. Reconnaissance des élèves et des professeurs qui découvrent que leur travail est jugé utile hors de l’éducation nationale et qu’il peut même être jugé formidable.
François Jarraud