« Il faut vraiment que ce soit gravissime pour fermer les écoles ». Dans son point sur la pandémie le 7 janvier, Jean Castex n’a pas annoncé de changement de politique. Le système d’alternance dans les lycées va continuer au delà du 20 janvier mais ne gagnera pas davantage les collèges. Un immobilisme qui surprend alors que la diffusion de la variante anglais du virus, beaucoup plus contagieuse et touchant davantage les jeunes, menace. Un premier cluster scolaire avec virus britannique est apparu. Reçue au ministère, la Fsu souligne l’absence d’anticipation du ministère.
Un premier cluster scolaire avec le virus anglais
« Ce qui était fermé va rester fermer ». Jean Castex n’a pas fait d’annonce importante le 7 janvier. Accompagné du ministre de la santé, O Véran, le premier ministre n’a pas évoqué un retour à la normal pour les lycées alors qu’il était prévu le 20 janvier. La relance de l’épidémie n’invite pas à desserrer les mesures existantes. C’est l’aggravation de la situation qui est à craindre.
La diffusion de la variante anglaise du virus menace dans le pays. Or le ministre de la santé l’a reconnu : sa contagiosité est de 40 à 70% plus élevée et « elle est plus contagieuse chez les enfants ». En Angleterre le nombre de cas déclaré a été multiplié par 4 en un mois et cette seconde vague pourrait bien prendre l’allure d’un tsunami.
Selon O Véran on a déjà 19 cas détectés en France et deux clusters. L’un d’eux, à Bagneux (92) est installé dans 2 écoles et un collège. Une personne membre du personnel a attrapé le virus anglais en France et du fait de sa contagiosité il touche déjà un nombre important de personnes dans les 3 établissements.
Olivier Véran annonce « une surveillance renforcée dans les écoles avec JM Blanquer ». Selon le ministère, il s’agit du déploiement dans toutes les académies de la campagne de dépistage des personnels, commencée en décembre dans une dizaine d’académies. Un million de tests antigéniques seraient disponibles pour les élèves et personnels volontaires en janvier et des centres de dépistage dans les établissements avec des équipes mobiles devraient apparaitre.
Le couvre feu pourrait être avancé dans 10 nouveaux départements : les deux départements alsaciens, la Côte d’or, l’Yonne, le Cher, l’Allier, les Bouches du Rhône, le Vaucluse, les Alpes de Haute Provence et la Savoie. Les décisions seront prises très rapidement. Mais jusque là l’avancée du couvre feu n’a en rien modifié les emplois du temps scolaires, parents et élèves bénéficiant de dérogations après 18h.
Fermeture des écoles qu’en dernier ressort
« Je ne peux exclure que nous ayons à prendre des mesures nationales supplémentaires dans les prochains jours si nous en avons besoin », a précisé J Castex. Au regard de qui se passe en Grande Bretagne, acculée à fermer toutes les écoles en urgence, on comprend que ce scénario n’est pas à exclure.
Mais le premier ministre n’entend fermer les écoles qu’en dernier ressort. » Les fermetures des écoles, vous me permettrez une remarque plus générale, nous avons eu à faire face à plusieurs rentrées scolaires, avec un premier confinement de fermeture, on en a tiré les enseignements, que la fermeture devait être envisagée vraiment en dernier recours », dit J Castex. « Je sais que certains pays y ont recours, ma position, faut vraiment que ce soit gravissime pour fermer les écoles, car nous savons que les conséquences, y compris sanitaires, de la fermeture sont dramatiques ».
Une gestion erratique pour la Fsu
« On est dans une gestion erratique », nous a dit Benoit Teste, secrétaire général de la Fsu. Les syndicats étaient reçus, un peu avant le discours de J Castex, rue de Grenelle. La Fsu est repartie déçue.
« Le ministre est sur de lui mais on n’a de réponse sur aucune question ». « JM BLanquer a annoncé la vaccination des enseignants qui le souhaitent pour mars mais l’administration parle d’avril et on ne connait pas la politique de priorisation qui sera retenue », explique B Teste. « Le variant britannique du virus circule et les pays voisins ferment leurs écoles mais rien n’est anticipé ».
La Fsu interroge le ministère sur l’aération, les tests, les détecteurs de Co2 sans avoir de vraies réponses. « On devrait anticiper la crise et par exemple équiper les élèves, avoir des consignes pédagogiques en cas de fermeture, des décisions sur les programmes. Mais on n’a rien de tout cela. Tout va se faire dans l’improvisation ».
François Jarraud