Et si former les élèves au numérique était déterminant pour un territoire ? Au coeur d’un bassin dynamique mais socialement dépressif, la communauté urbaine de Plaine Commune a organisé des Rencontres numériques le 4 décembre. C’était l’occasion pour les acteurs d’échanger. Parmi ceux-ci nous interrogeons Anna Angeli, chef de projet du dispositif Ecoles internet.
Anna Angeli vous avez préparé ces rencontres du 4 décembre depuis plusieurs mois avec de nombreux acteurs. Quels sont les enjeux du développement numérique pour un territoire comme Plaine commune ?
Cette journée s’inscrivait dans un ensemble de rencontres territoriales organisées par l’association Villes internet autour des thématiques économie et emploi, éducation, innovation et expérimentation et fractures numériques. Dans ce territoire Plaine commune de Seine Saint Denis (la ville de Saint-Denis et les communes environnantes), le développement économique est très important et réside principalement dans l’innovation. Un hub impressionnant s’est créé avec une multitude d’opérateurs, assurant des liaisons vers l’Angleterre, les USA, la Chine … Mais pour beaucoup de ces acteurs, le recrutement local est une vraie difficulté et la plupart des salariés viennent du côté ouest de l’Ile de France. Pour ce territoire jeune, marqué par l’échec scolaire, la formation des jeunes aux métiers du numérique est donc un véritable enjeu appuyé par les élus, les associations Villes internet et Ecoles internet, ainsi que l’éducation nationale.
Comment agir pour amener les entreprises à trouver les jeunes opérationnels dont elles ont besoin ?
Dans l’atelier éducation que je co-animais dans ces rencontres, les élus, beaucoup délégués à l’éducation (Pierrefitte, St Ouen, Ile St Denis par exemple), ont exprimé une forte demande de projets communs et ont interrogé le conseil général, la région, l’éducation nationale sur l’aide qu’ils peuvent leur apporter. Les interventions de David Proult, élu éducation et Véronique Le Bihan, élue déléguée aux TICE, ont donné plusieurs éléments de réponse. La question des usages a semblé ici centrale : le problème n’est plus celui des équipements malgré des situations très hétérogènes. Les initiatives de créations d’observatoires du numériques ou de suivi des classes par des équipes de chercheurs sont bien ressenties.
Comment les relations avec l’éducation nationale peuvent-elles favoriser la dynamique d’une meilleure intégration dans les formations ?
Là encore, les situations sont assez diverses. Au niveau du 1er degré, le premier interlocuteur local est l’IEN, mais ils n’ont pas forcément toujours les bonnes réponses. Le pôle ressources du rectorat est loin (à Champigny) et pas très bien connu. Et le manque de formation des enseignants et le turn over général ne permettent pas de s’appuyer sur les expérimentations menées çà et là. Pourtant les outils numériques répondent à beaucoup de difficultés et d’inégalités.
Concrètement deux types de réponses ont été évoquées : la signature de conventions avec l’éducation nationale et l’existence de plates-formes ressources décentralisées, avec peut-être un pôle ressources itinérant. Tant le conseiller TICE académique Claudio Cimelli que le directeur général du CNDP J-M Merriaux ont renvoyé aux annonces du ministre prévues le 13 décembre.
La diversité des participants à l’atelier a-t-elle permis de faire émerger des propositions cohérentes ?
Tout à fait. Les représentants des parents ont souligné le besoin d’impulsion au niveau local et le souci de lier le temps à l’école et hors l’école. Les représentants du conseil général ont plaidé pour un territoire numérique sans coupure, de la maternelle au lycée. La plate-forme Celi@ progresse doucement, bien que les usages soient encore assez fortement dans le domaine de la vie scolaire. L’idée de projets communs est bien acceptée et rejoint d’ailleurs les réflexions du CG93. Pour sa part Villes internet a mis à disposition l’outil Linkfluence qui produit une cartographie des sites web éducatifs actifs sur le territoire. Sans surprises, les sites de l’académie et des universités viennent en tête, mais on doit noter que les établissements publics viennent assez loin derrière les établissements privés. Du travail donc en perspective …
Propos recueillis par Françoise Solliec