A l’issue d’un stage de formation consacré à l’utilisation des TICE pour améliorer la maîtrise de la langue, est né le site http://www.ifrance.com/tice67. Notre surprise était grande devant l’intérêt qu’il a suscité. En quelques mots, nous tentons ici de donner les lignes essentielles de notre démarche.
L’utilisation des jeux sur ordinateur pour développer le langage des élèves trouve son origine dans trois constats :
– Pour les enfants les plus jeunes, le jeu est une bonne entrée dans les apprentissages ; l’école maternelle est ainsi principalement construite autour des activités de jeu.
– On note que les logiciels spécialement créés pour l’école tout comme les logiciels dits éducatifs n’apportent souvent rien de vraiment neuf si ce n’est la situation d’autonomie des élèves, ce qui n’est pas rien, évidemment. Aucune étude de fond n’a par ailleurs pu prouver que les TICE amélioraient le niveau scolaire.
– On observe que les discussions de cour de récréation tournent parfois autour d’échanges de » tuyaux » sur les jeux vidéo. Le jeu n’est-il pas le principal créneau de l’informatique non professionnelle ?
(On voudra bien excuser le côté tranché de ces affirmations qui mériteraient évidemment bien plus de nuances ; mais cela dépasserait l’objet de cet article.)
Travailler le langage oral et écrit, à l’école, à partir de jeux vidéo, semble possible à condition toutefois de mettre en place une méthodologie précise tenant compte de la didactique de la langue. Penser qu’il y aurait des apprentissages spontanés grâce au seul support serait erroné.
Maîtrise de l’oral.
Ces pratiques ont déjà quelques années d’expériences en cycle 2 et dans l’enseignement spécialisé. Les points essentiels en sont :
– Les échanges langagiers sont motivés par une nécessité : on se parle et on s’écoute pour gagner, pour arriver plus vite à la fin ;
– on parle, autour de l’écran, en petits groupes de 2 à 4 élèves, pour progresser dans le jeu, ce qui permet à chaque enfant de prendre la parole ;
– on parle avec le groupe classe pour mettre en commun les trouvailles ;
– le maître incite habilement les élèves à formuler leur pensée dans les différentes phases ;
– la classe entière vit dans l’ambiance du jeu un certain temps et en explore le champ culturel.
Grâce à la situation, tous les types de discours sont mobilisés dans une vraie situation de communication. Ajoutons l’étayage de l’enseignant qui incite, reformule, fait reformuler, précise les mots et organise certaines interventions. Et nous avons – enfin – quelques séquences de » langue orale « , si difficiles à mettre en place, avouons-le.
Maîtrise de l’écrit.
Cette pratique s’adresse essentiellement au cycle 3 et au collège. Le principe général est de pratiquer différents types de textes pour rédiger la solution d’un jeu, ce qui suppose évidemment une diffusion de cette solution. Le livret photocopié a été privilégié pour les plus jeunes : une classe rédige la solution, une autre, avec des enfants malhabiles en lecture, la lit pour avancer plus vite dans le jeu. La publication sur le site web de l’école paraît une bonne idée pour les plus grands. Remarquons que des adultes donnent, sur Internet, la clé de la plupart des jeux ; pourquoi pas des élèves ?
Pour balayer une large palette de types des textes, on pourra procéder par réécriture, passer de l’injonctif au narratif par exemple ; on pourra aussi se lancer dès le premier jet dans un type de texte donné. De nombreux apprentissages grammaticaux peuvent se greffer sur ces rédactions.
Langues vivantes.
C’est peut-être un domaine à explorer. Remarquons l’importance des jeux vidéos dans les sites web personnels créés par des adolescents (exemple parmi d’autres : http://www.emec.de.vu) ; ceux-ci sont souvent amenés à se plonger dans des sites en anglais pour trouver la solution.
Les limites pédagogiques rencontrées relèvent surtout du facteur temps ; sans doute faut-il trouver des articulations temps scolaire / hors temps scolaire.
La question de l’évaluation a déjà trouvé une réponse très encourageante : dans tous les cas observés, de la maternelle aux adultes, après » un certain temps « , plus aucun joueur ne touche l’écran et tous sont capables de diriger l’action du manipulateur de souris par la seule magie du verbe. C’est déjà pas mal, non ?
Richard Schaller-Schwartz
Conseiller Pédagogique de Circonscription – Strasbourg
Des détails et des outils sur le site http://www.ifrance.com/tice67
Vos remarques et comptes-rendus d’expériences sont attendus avec intérêt.