Selon Libération, la famille de S. Paty a porté plainte le 6 avril pour non assistance à personne en péril et non empêchement de crime contre G Darmanin et JM Blanquer. L’avocate de la famille, Virginie Le Roy, met en évidence des fautes dans le traitement de cette affaire qui vont aboutir à laisser Samuel Paty sans protection le 16 octobre 2020. Elle demande également une enquête parlementaire. Ces plaintes démontrent que le rapport de l’Inspection générale, où l’administration s’est rapidement auto blanchie, est insuffisant. La culture du pas de vague a bien laissé tomber S Paty.
Le silence des ministres
Cette plainte résulte de l’étude du dossier par l’avocate de la famille. Elle montre des failles importantes dans le traitement de cette affaire aussi bien coté police que coté Education nationale. Pour Maitre Le Roy, qui s’exprime dans Libération, « des fautes ont été commises. Il est indispensable que toute la lumière soit faite et que la famille de Samuel Paty obtienne la vérité ». Avant de porter plainte, l’avocate a écrit aux deux ministres de l’Intérieur et de l’Education nationale sans obtenir de réponse.
La principale erreur coté police c’est d’avoir sous estimé le risque d’attentat alors même que le procès de Charlie Hebdo avait lieu au même moment et que les caricatures avaient été à nouveau publiées.
L’Education nationale a minimisé le risque
Coté éducation nationale, selon l’avocate, « le dispositif en charge de la sécurité des personnes de l’Education nationale [a] lourdement failli », écrit-elle. Le Daseen aurait minimisé le risque. » « Le Daasen a circonscrit « la situation à la seule question de la discrimination ». « L’ensemble des références à la contestation de l’enseignement de Samuel Paty pour des motifs religieux et au blasphème ont été supprimées » d’un signalement fait établissement. L’erreur d’interprétation de l’administration de l’Education nationale commence là , et derrière, tout le monde a suivi… Le Daasen n’a pas levé le stylo à compter du 12 octobre ».
Lors de la publication du rapport de l’Inspection générale, le 4 décembre 2020, nous avions soulevé ce curieux silence administratif pendant la dernière semaine avant l’assassinat de S Paty. « Sur la période allant de la publication des vidéos sur Internet le 10 et l’assassinat le 16 octobre, on n’en saura guère plus. Curieusement le rapport ne consacre que deux pages à cette période qui est pourtant cruciale alors qu’une quinzaine de pages couvrent la semaine du 5 au 10 octobre. C’est à croire qu’hormis un échange téléphonique entre le Daasen et le directeur adjoint du cabinet du préfet, tout le monde a cru avoir fait le nécessaire. Et que tout le monde a cessé de s’agiter. Sur cette semaine qui va conduire à l’assassinat de S Paty le rapport est bien muet », écrivions nous. Nous concluions : « Tout le monde a fait son travail. Tout a été parfait. Tellement parfait que le 16 octobre S Paty était seul face à son assassin. Et ça on aimerait savoir pourquoi. » C’est la question posée par la plainte de la famille de S Paty.
François Jarraud
Dans Libération : La famille porte plainte