« Les cartes postales géocartographiques permettent d’articuler géographie spontanée et géographie raisonnée ». Organisé par Sophie Gaujal, en partenariat avec le Café pédagogique, la Cité de l’architecture et l’IGN, le concours Cartographie ton quartier récompense ces cartes postales cartographiques réalisées par des classes. Le jury a sélectionné le 16 mars les 4 vainqueurs parmi les 200 classes participantes.
Aller sur le terrain pour découvrir l’espace puis construire une représentation cartographique sonore, olfactive, visuelle, bref sensible, c’est bien faire oeuvre de géographe ! Depuis 2015, Sophie Gaujal a lancé le concept de carte sensible. Professeure d’histoire géographie au lycée J Prévert de Boulogne Billancourt, elle est aussi prof relais à la Cité de l’architecture. Après un master de didactique à Paris Diderot elle prépare une thèse en didactique de la géographie. Elle a lancé le concours « Cartographie ton quartier » qui demande aux écoliers, collégiens et lycéens de réaliser des cartes sensibles au format carte postale. L’édition 2016 a analysé le 16 mars les réalisations des 200 classes qui concourent et retenu 4 lauréats.
Pourquoi ce concours ?
Il s’agit d’inciter les élèves à mener u vrai travail de réflexion géographique sur leur territoire. Ils explorent leur espace proche pour manipuler des concepts propres à la géographie et utiliser les méthodes du géographe sur le terrain. Ils apprennent aussi à collaborer en travaillant autrement. Cette dimension collective d’une classe qui réalise une seule carte postale cartographique est importante. Il s’agit aussi le plus souvent d’un travail interdisciplinaire qui associe les arts plastiques ou les lettres à la géographie , et même parfois les maths ou la technologie.
Enfin il y a les trois niveaux : école, collège et lycée. C’est très amusant de voir comment on exprime sa vision géographique aux différents niveaux et le dialogue qui peut s’installer entre les niveaux.
Mais la géographie s’y retrouve ?
C’est elle le moteur. C’est autour d’elle et de ses concepts que s’articulent les différentes disciplines. C’est un vrai luxe pour une discipline qui est le parent pauvre du couple histoire-géo !
D’où vient l’idée de réaliser une carte postale et non une carte ou un croquis ?
C’est parti d’un travail sur la Guadeloupe que j’ai réalisé avec mes élèves. On s’était amusé à imaginer un voyage virtuel et l’évaluation utilisait l’idée de la carte postale. La carte postale permet de sortir de la récitation du cours et d’engager personnellement l’élève. Enfin cela fat référence à une pratique populaire : tout le monde a un jour envoyé une carte postale.
C’est une géographie vivante ?
Le projet articule géographie spontanée et géographie raisonnée. C’est dans le média , la carte postale, que les deux se rencontrent.
C’est important que les jeunes posent ce regard distancié sur leur environnement ?
Il faut bien voir que toute la complexité du monde est présente à l’échelle d’un quartier. L’an dernier une école du Kremlin Bicètre avait résumé cette réalité en disant : « nous aimons notre quartier car tout y est ». C’est très vrai.
Savez vous comment les enseignants s’y prennent pour faire réaliser la carte postale ?
C’est toute une fabrique. Cette année une vingtaine de classes ont déposé leur carnet de bord sur le blog du concours. On peut suivre ainsi leurs travaux depuis la sortie de terrain à la carte postale. Dans mon cas, entre ces deux étapes les élèves ont réalisé près de 200 croquis. On voit comment les élèves identifient les fonctions et les formes. Comment ils arrivent à identifier les usages.
Pour le collège vous avez retenu la carte réalisée par la classe d’UPE2A du collège Jules Verne à Nîmes, classe de Mme Royer. Pourquoi ?
D’abord pour son alternance de vues en plan et en 3D. Ensuite pour sa nomenclature qui distingue les fonctions, le ressenti , les usages. Le texte au verso donne des éléments de contexte.
A coté de cette classe, le jury du concours a retenu les cartes postales de la classe de CE1b de l’école Aux Lazaristes de Lyon, classe de Mme Gagnière pour le niveau primaire et de la classe de 1èreS2 du lycée F. Renaudeau à Cholet sous la direction de leurs professeurs d’histoire géographie Aurélie Dugué et Jean Michel Tricoire.
Le jury a aussi décerné un coup de coeur à la carte postale sensible réalisée par la classe de Classe de détermination pro (cycle 3) de l’IJA (Institut Jeunes Aveugles) Les Charmettes à Clermont Ferrand, sous la direction de Sonia Auclair, professeur d’histoire géographie et lettres, avec l’aide de Carine Aumenier, institutrice en locomotion. Les élèves de cette classe sont déficients visuels. Leur carte est donc tactile. Au sens du toucher, ils ont associé l’ouïe (la carte est sonorisée) et l’odorat.
Propos recueillis par François Jarraud