Un site Internet peut-il devenir un outil de formation des enseignants ? Créatrice du site Imaginarium, Maëliss Rousseau, professeure des écoles, a voulu un faire un outil pour la formation des enseignants à l’expression artistique en maternelle. Elle explique comment, au contact des enseignants, son site a évolué et aussi comment les enseignants s’emparent des ressources sur Internet pour construire leurs propres ressources.
Professeure des écoles en maternelle depuis une dizaine d’années, Maëliss Rousseau travaille la question de l’expression artistique depuis longtemps, en fait depuis un mémoire de master entrepris avec Philippe Meirieu. C’est cette réflexion qui alimente la création du site Imaginarium et sa transformation en outil de formation.
Vous avez ouvert le site Imaginarium en octobre 2016. Comment est-il né ?
Cela faisait longtemps que les choses murissaient. D’ailleurs on retrouve sur le site des productions d’élèves faites depuis des années. C’est en découvrant l’oeuvre de Germaine Tortel que j’ai découvert le pouvoir éducatif des projets artistiques. J’ai été émue et surprise de l’engagement des élèves dans les travaux faits sous sa direction. Quand on voit ces dessins on perçoit immédiatement que les enfants ont été nourris par de vrais projets qui les habitaient. Cela m’a donné envie de tenter l’expérience.
Que vous a apporté cette rencontre avec l’oeuvre de G Tortel ?
La rencontre avec l’association Tortel m’a donné un sujet pour porter mon mémoire de master et expérimenter dans ma classe. Mon mémoire a porté sur le dessin à l’école maternelle pour agir et aider à structurer sa pensée. J’ai lu Germaine Tortel pour comprendre comment le dessin structure la pensée et la personnalité de l’enfant et l’aide à apprendre son écrit. Le dessin nourrit l’engagement, la concentration, la persévérance par exemple.
Il faut bien comprendre que les enfants retravaillent leurs dessins parce qu’on leur porte une attention particulière. Cette attention leur donne envie de reprendre leur travail et d’exprimer leurs idées. C’est tout cela que j’ai xploré aussi en classe. Philippe Meirieu m’a invité à partager cette expérience.
Pourquoi un site pour accompagner ce projet ?
Parce qu’un site se modifie facilement. J’ai adapté le site en fonction des questions et des idées des enseignants utilisateurs. J’ai aussi choisi un site parce que les enseignants cherchent davantage des idées pour leurs pratiques artistiques sur Internet que dans les livres.
Le site propose de développer les compétences à partir de pratiques artistiques avec l’aide e fiches pédagogiques. J’ai la chance que le programmes rénovés en maternelle empruntent la démarche artistique davantage que les précédents.
Avec Imaginarium je suis partie des compétences des programmes et j’ai essayé de développer différents types de billets sur les apprentissages artistiques. On part de ce qu’on veut faire apprendre aux élèves. Je donne des socles pour accompagner les élèves dans leur projet.
Vous avez soumis le site à une quarantaine d’enseignants. Qu’avez vous appris sur l’utilisation d’un site pour la formation ?
Les enseignants arrivent sur le site avec une demande qu’ils ont pour leur classe. Ca peut être un thème comme l’eau ou le vent. Des enseignants s’interrogent aussi par rapport aux compétences des programmes. Par exemple : « comment fait on pour le graphisme ». Partant de là ils essaient de regarder ce que je propose.
Un des points mis en évidence c’est qu’ils ne copient pas les ressources du site mais qu’ils les adaptent. Par exemple une enseignante qui souhaite écrire un album avec texte et images voit que sur le site je propose un travail en dessin à partir de formes sur le vent. Elle se saisit de cette proposition en demandant à ses élèves de faire des personnages.. Elle leur fait écrire un texte donnant l’identité des personnages pour créer finalement une histoire collective. La proposition du site permet cela. Mais je ne donne que ce qu’il faut d’informations pour guider. Je propose des pistes. Les enseignants les suivent à leur façon.
Propos recueillis par François Jarraud