L’éducation nationale gère mal les ruptures conventionnelles et le harcèlement
L’éducation nationale semble ne réussir ni à protéger ses agents ni à s’en séparer en de bons termes. C’est ce qui résulte du rapport annuel de la médiatrice de l’Education nationale, Catherine Becchetti-Bizot. Dans un contexte de très forte progression des saisines des médiateurs de l’Education nationale, elle attire l’attention sur le déficit de gestion des cas de harcèlement et sur les réticences de cette administration à user de la rupture conventionnelle.
Une note de service sur le professeur référent élève
Le BO du 26 août définit la fonction du nouveau professeur référent élève (PRE). « Les professeurs référents peuvent exercer leurs missions en complément de celles des professeurs principaux, ou peuvent s’y substituer. Ils peuvent être mis en place uniquement au niveau de la classe de première, uniquement à celui de la classe de terminale, ou aux deux niveaux.. Ce dispositif est soumis au conseil d’administration… Le professeur référent encadre un groupe de 12 à 18 élèves. Il suit le parcours individuel de chaque élève du groupe qui lui est confié : sa scolarité comme son projet d’orientation. Il propose conseil et tutorat à ces élèves, et pose des jalons d’accompagnement individualisé ». Leur mis een place se fait à cout constant par le ministère.
L’ISOE adaptée aux professeurs référents de lycée
Un décret publié le 22 août étend le bénéfice de la part modulable de l’ISOE aux professeurs référents créés récemment par JM Blanquer. Mais cette création est faite à coût constant comme l’explique le JO. « La part modulable est allouée aux personnels enseignants désignés à l’article 1er qui assurent les fonctions de professeur principal ou de professeur référent définies à l’article D. 421-49-1 du code de l’éducation. L’attribution de cette part est liée à l’exercice effectif de ces fonctions. Une seule part modulable de professeur principal est allouée par division. Toutefois, dans les divisions de terminale des lycées d’enseignement général et technologique et des lycées professionnels, deux professeurs principaux par division perçoivent chacun une part modulable. En outre, dans les divisions du cycle terminal des lycées d’enseignement général et technologique, à chaque part modulable de professeur principal peuvent être substituées deux parts modulables de professeur référent. Dans ce cas, le montant total des parts modulables attribuées au titre d’une année scolaire au sein d’un établissement ne peut excéder un plafond correspondant à la somme des parts modulables susceptibles d’être attribuées aux professeurs principaux au regard du nombre de divisions de cycle terminal au sein de cet établissement. Enfin, dans les établissements où l’exercice des fonctions mentionnées au premier alinéa du présent article comporte des difficultés particulières tenant à l’environnement socio-économique et culturel de l’établissement, deux professeurs par division perçoivent chacun une part modulable de professeur principal. Dans ce cas, le montant total des parts modulables attribuées aux professeurs principaux et aux professeurs référents au titre d’une année scolaire dans chaque division du cycle terminal ne peut excéder un plafond correspondant à la somme des parts modulables susceptibles d’être attribuées aux professeurs principaux au regard du nombre de divisions de cycle terminal au sein de ces établissements. La liste de ces établissements est fixée par le ministre chargé de l’éducation nationale et le ministre chargé du budget ». Le montant de la part modulable est fixée ainsi : en première et terminale, professeur principal : 906,24€ et professeur référent de groupe d’élèves (PRE) : 453.12€.
Une indemnité nouvelle pour le bac
Les enseignants qui participeront aux épreuves ponctuelles évaluant les candidats du hors contrat ou libres pour leurs épreuves continues seront indemnisés, annonce un décret du 8 août. Ils toucheront royalement 50€ pour 30 copies ou 25 euro par demi journée d’interrogation…
L’enseignement hybride bientôt dans les obligations de service ?
Faut-il cadrer réglementairement ou pas les heures de visioconférences des enseignants ? La question est portée par Béatrice Piron, députée LREM, rapporteure d’une nouvelle mission d’information de l’Assemblée nationale sur « le cadre de l’enseignement hybride et à distance ». Lancée à la mi juin, la mission multiplie les auditions avec en ligne de mire une réglementation du travail à distance des enseignants. Une préoccupation qui n’est pas sans rapport avec « l’engagement » n°11du Grenelle de l’éducation qui envisage de recourir à l’enseignement à distance pour assurer les remplacements des enseignants. La tentation semble forte d’imposer le travail à distance pour faire face aux besoins d’enseignants.
Le Conseil d’Etat remet en question l’avancement des enseignants
Coup dur pour le ministère dans une vieille affaire qui a escaladé toute la hiérarchie des tribunaux depuis 2018. Une décision du Conseil d’Etat rendue le 19 mai 2021 annule une partie de l’arrêté fixant les règles d’accès des agrégés à la classe exceptionnelle. C’est déjà un gros problème pour le ministère. Mais les raisons de l’annulation pourraient aussi concerner tous les autres enseignants de la classe exceptionnelle. Le ministère va devoir rédiger de nouveaux arrêtés sur les critères d’accès à la classe exceptionnelle.
Malaise enseignant : Stress du public, stress du privé
C’est une étude originale que publient Jude Brady et Elain Wilson (université de Cambridge). Les universitaires comparent le stress éprouvé par les enseignants du public et du privé. Et elles trouvent de nettes différences. En France cette dimension du malaise enseignant n’a pas été étudiée. Des études ont mis en avant le role de la hiérarchie et du sentiment d’impuissance des enseignants.
Enseignants : Portrait de groupe
Comment vivent les enseignants ? Qu’en est-il de leur embourgeoisement ? Quelles différences entre les enseignants du premier et du second degré ? Entre les agrégés et les certifiés ? Un nouveau numéro d’Education & formations révèle des aspects inattendus de la vie personnelle des enseignants.
Présidentielles : Les enseignants dernier bastion de la gauche ?
« Les enseignants constituent vraiment le noyau dur de la gauche au sein de la fonction publique », déclare Luc Rouban (CNRS, Cevipof). Dans une nouvelle étude sur « les fonctionnaires face à l’élection présidentielle de 2022 » il met en valeur les particularités du vote enseignant. Les professeurs se distinguent par leurs valeurs, restées nettement plus à gauche, par exemple par rapport à l’immigration ou l’écologie, que le reste de la société. Ils sont logiquement ceux qui craignent le plus M Le Pen. Dans un paysage politique « brouillé », ils sont les moins fidèles à E Macron et les plus marqués à gauche au moment où le clivage droite – gauche se réaffirme.
Enseignants : Ceux qui partent
Qui sont ces enseignants qui décident de quitter le métier ? P. Feuillet et D. Prouteau (Depp) font leur portrait statistique dans la revue Education & formations (n°101). Chaque année près de 1% des enseignants quittent la classe. La plupart choisissent d’exercer une autre fonction dans l’éducation nationale (animation pédagogique, direction etc.). Une très faible proportion démissionne. Mais cette proportion augmente très rapidement. Ainsi 6% des stagiaires abandonnent.
Philippe Meirieu : Enseigner : un métier de résistant
« Le professionnel citoyen est celui qui refuse la réduction bureaucratique de sa mission à ses compétences et se revendique partie prenante de son institution ». Invité par le Snuipp Fsu dans le cadre des « Universités virtuelles » le 26 novembre, Philippe Meirieu a partagé sa vision émancipatrice du métier enseignant. Il a opposé l’idée d’un métier d’expert porté par une mission à celle d’un technicien porteur de services en regrettant que l’évolution actuelle pousse vers celle-ci.
Asma Benhenda : Tous des bons profs
Peut-on prétendre améliorer l’Ecole sans s’intéresser au sort des enseignants ? En principe, non. En réalité les réformes qui se succèdent ne s’intéressent aux professeurs que pour accroitre les injonctions et pressions de toutes sortes. Pour Asma Benhenda, chercheuse à l’Ecole d’économie de Paris puis à l’University College London, « les politiques éducatives à destination des enseignants témoignent d’un dramatique rendez-vous manqué ». Dans « Tous des bons profs (Fayard) elle réunit les résultats de recherches peu connues du grand public pour montrer comment des politiques éducatives tournées vers les enseignants peuvent réduire les inégalités du système éducatif pour le plus grand bien de tous.
Croyances et pratiques professionnelles des enseignants
« Pourquoi les enseignants croient-ils que certaines pratiques valent mieux que d’autres ? Pourquoi critiquent-ils, voire refusent-ils, certaines pratiques, dont l’efficacité a (parfois) été démontrée par la recherche ? » Voilà des questions qui agitent beaucoup les responsables des systèmes éducatifs. Et comme leurs décisions sont forcément rationnelles, voire « scientifiques », ce sont des « croyances » des enseignants qui s’y opposent. La Revue internationale d’éducation de Sèvres (n°84) publie un numéro fort intéressant qui donne une vision mondiale de ces interrogations. Ils sont fous ces enseignants ou ils ont des valeurs ?
Pourquoi diable les enseignants refusent-ils leur développement professionnel ?
Journée carrières enseignantes. Dans cette seconde journée de la conférence de comparaison internationale sur la formation des enseignants, organisée par le Cnesco, on a touché du doigt les limites des projets de développement professionnel des enseignants. On a aussi clairement aperçu le modèle de système éducatif et de « nouveau métier enseignant » qui pointent derrière cette notion de développement professionnel. Cela s’est fait à travers 4 exemples : les célèbres lesson studies japonaises, le non moins célèbre modèle de Singapour, la réforme des référentiels de compétences estoniens et la notion d’établissement apprenant envisagée depuis Genève. Quatre exemples qui montrent que le « nouveau métier enseignant » est une bataille. Souvent perdue.
Qu’est-ce qu’enseigner aujourd’hui ?
» « Qu’est-ce qu’enseigner ? », une question familière et récurrente donc, que l’année 2020 aura toutefois mise en relief de façon spécifique ». Sous la direction de Monique Chestakova et Pierre Pilard, la revue Administration & éducation (n°168) tente une réponse à cette vieille question. Abordant les questions de l’identité professionnelle, des valeurs et des pratiques elle propose une lecture du métier intéressante, variée mais qui évite les questions qui fâchent.
Blanquer renforce la hiérarchie dans les établissements
Un projet d’arrêté présenté à un groupe de travail des personnels de direction le 7 mai réussit à unir les syndicats contre lui. Il donne le pouvoir aux chefs d’établissement de noter leurs adjoints avec d’importantes conséquences sur leur mobilité et leur rémunération. C’est là aussi une nouvelle conception de l’établissement qui s’installe.
Le ministère renforce les pouvoirs des chefs d’établissement
C’est une mesure qui a fait l’unanimité syndicale contre elle en octobre. JM Blanquer choisit les vacances pour la faire appliquer. Deux décrets donnent au chef d’établissement le contrôle de l’ordre du jour du conseil d’administration et rendent la commission permanente facultative. Instaurant une forme de gestion particulièrement autoritaire et archaïque, ces textes vont créer davantage de difficultés aux chefs d’établissement.
Les personnels de direction revalorisés
Le journal officiel du 27 décembre publie un décret et un arrêté revalorisant l’indemnité de fonction et de résultat des personnels de direction. Environ 25 millions d’euros sont inscrits au titre de la revalorisation de ce corps, qui compte 14 000 personnes, sur deux années.
Crise de confiance chez les personnels de direction
« La profession doit retrouver la confiance dans l’institution ». C’est la conclusion de Bruno Bobkiewicz, le nouveau secrétaire général du Snpden Unsa, 1er syndicat de personnels de direction, après la publication d’une étude sur l’impact de la crise covid sur ces personnels. Pour G Fotinos, ancien conseiller MGEN, et M Horenstein, psychiatre, « la crise a amplifié des tendances lourdes d’évolution du métier qui deviennent très inquiétants », et pas seulement dans les relations avec la hiérarchie.
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