Comme tous les syndicats, le Snes a fait une déclaration au Conseil Supérieur de l’Education (CSE) du 8 juin. Face aux défenseurs du socle, le Snes maintient ferme son exigence de revoir ce qui n’est pour lui que la négation du droit des plus défavorisés à accéder à la culture.
Dès le premier CSE convoqué par Vincent Peillon, le Snes a tenu à marquer de façon forte ses orientations et à affirmer sa place de première organisation du secondaire, comme telle, incontournable. Et il l’a fait sans prendre de gants au moment où plusieurs syndicats (Unsa, Sgen), des parents (Fcpe) et la Ligue de l’enseignement cosignaient une lettre commune demandant à Vincent Peillon d’accélérer la mise en place du socle commun.
« Au collège, nous attendons des signes forts qui montreraient que vous avez pris la mesure des attentes des personnels : neutraliser, pour cette fin d’année, le livret personnel de compétences qui n’obtient plus l’adhésion de personne, annoncer dès maintenant l’abandon du programme ECLAIR unanimement rejeté, renoncer à toute expérimentation de la globalisation et annualisation de l’enseignement des langues vivantes, mettre fin aux pressions exercées sur les personnels pour leur imposer d’enseigner une discipline autre que celle dans laquelle ils ont été recrutés (allusion à l’enseignement intégré des sciences).
Au lycée, le Snes demande la mise à mort de la réforme Chatel, pourtant votée à l’époque par la majorité du CSE. « Il faut redonner un cadrage national aux moyens attribués aux établissements », demande le Snes, « et en premier lieu aux horaires en groupes réduits, le constat sur l’accompagnement personnalisé étant pour le moins négatif. Il faut cesser d’imposer des dispositifs qui coûtent et sont sans bénéfice pédagogique : tutorat et stages de remise à niveau par exemple ».
Mais c’est le socle commun qui reste la cible première du Snes. « Vous avez déclaré, Monsieur le Ministre, que la conception du système éducatif devait découler de celle que l’on porte de l’Homme, et nous nous en félicitons. Nous ne comprendrions pas, fort de ce constat partagé, que vous repreniez à votre compte la notion de socle mise en place par un gouvernement qui niait aux classes les plus défavorisées le développement de l’indépendance de pensée, de l’esprit critique et de l’accès à une culture émancipatrice et créatrice de liens et de pensée commune », écrit le Snes. Le syndicat s’en prend également à l’accompagnement personnalisé. « Nous doutons que cette rupture pédagogique puisse se faire à partir des principes mis en avant par la loi de 2005 et en aménageant les réformes qui ont été imposées sur ses bases : socle commun, théorisation de l’accompagnement et de l’aide personnalisée, autonomie des établissements et non des équipes pédagogiques, remise en cause de la structuration des savoirs en disciplines scolaires, renoncement à faire entrer tous les élèves dans une activité intellectuelle et une pensée autonome, réduction des processus complexes de la construction d’un projet d’orientation à l’accès à la simple information sur les métiers et les débouchés des voies de formation ».
L’affrontement avec le camp réformiste est entamé. La prochaine étape pourrait être le 28 juin lors du prochain CSE. La rédaction de la loi d’orientation ne sera pas une partie de plaisir pour le ministre…
François Jarraud