Flâner dans les rues et les jardins de Paris, sur les quais de la Seine, il y a plus d’un siècle, découvrir les petits métiers ambulants, les scènes de rue, les anciennes boutiques, les éléments d’architecture soumis à la démolition, c’est ce que propose l’exposition « Eugène Atget, Paris ». Le musée Carnavalet présente une sélection de 230 épreuves réalisées à Paris, entre 1898 et 1927, par l’un des plus célèbres photographes du XXème siècle, Eugène Atget. Cette rétrospective, qui réunit des images très connues et d’autres demeurées inédites, dresse un portrait atypique de la capitale, loin des clichés de la Belle époque. L’étrangeté de certaines vues a attiré l’attention d’artistes d’avant-garde : ce sont les photographes Man Ray et Bérénice Abbott qui ont fait connaître son oeuvre aux surréalistes ainsi qu’aux Etats Unis. Ils apportèrent une célébrité posthume à celui qui disait de ses photographies : « ce ne sont que des documents ». Le musée Carnavalet invite grands et petits, à cette promenade dans le Paris d’antan jusqu’au 29 juillet 2012.
En 1890, Eugène Atget s’installe à Paris et décide d’être photographe professionnel, il inscrit sur sa porte « Documents pour artistes ». Il commence à battre le pavé de Paris et déploie une énergie considérable pour saisir d’une manière systématique tous les quartiers anciens et leurs animations. Il rassemble des paysages et des motifs pour les vendre en tant que modèles aux artistes (peintres, décorateurs…). C’est à partir de 1898, quand il se consacre aux rues de Paris et réalise les séries « l’Art dans le vieux Paris » et « Paris pittoresque », qu’il retient l’attention d’institutions prestigieuses comme le musée Carnavalet ou la Bibliothèque nationale qui deviennent alors ses principaux clients jusqu’à la fin de sa vie. Peu de temps avant sa mort, l’avant-garde surréaliste parisienne s’enthousiasme pour son style peu classique et ses thèmes plein d’une poésie particulière, et l’adopte comme « père de la photographie moderne ». Eugène Atget reste cependant un artiste profondément ancré dans le XIXème siècle. Du début jusqu’à la fin de sa carrière, il utilise le même matériel, une lourde chambre à soufflet de 18×24 cm et des plaques de verre au gélatino-bromure d’argent, alors que ses contemporains ont déjà complètement abandonné ce procédé.
L’exposition s’organise autour de grands thèmes afin de mettre en valeur la cohérence du travail documentaire et artistique sur Paris réalisé par Atget jusqu’à sa mort en 1927. La première salle est consacrée aux photographies illustrant l’activité urbaine de la capitale : petits métiers de la rue, activités ambulantes, boutiques, enseignes… La seconde salle présente un ensemble de vues de la Seine et des parcs et jardins où les activités disparues (bains, bâteaux-lavoirs…) sont saisies avec une certaine mélancolie. Eugène Atget nostalgique immortalise un passé parisien sur le point de disparaître. La section suivante est réservée aux rues, thème qui a rendu Atget célèbre. Le visiteur peut repérer géographiquement une partie des tirages présentés grâce à un plan de Paris signalant l’emplacement des prises de vue. L’exposition consacre aussi une salle entière aux 43 clichés achetés par Man Ray dans les années 1920. L’artiste américain fait découvrir le caractère fondamentalement moderne de ces images et certaines scènes sont particulièrement appréciées, comme « l’éclipse, place de la Bastille » rebaptisée par les surréalistes « les dernières conversions » à cause des spectateurs tournés vers le ciel. Le musée Carnavalet a reproduit cette scène grandeur nature sur un mur et elle fascine toujours ! En regard des tirages d’Atget, le public découvre également le travail d’Emmanuel Pottier, son contemporain pratiquement inconnu, qui a exploré le sujet du Paris pittoresque. La dernière salle de l’exposition est réservée aux paysages d’Ile de France, en particulier aux parcs de Versailles et de Saint Cloud où Eugène Atget se rendait régulièrement pour photographier la végétation, les perspectives et les motifs décoratifs. Cette salle présente également l’un des célèbres portraits de l’artiste exécuté en 1927 par Bérénice Abbott, sa biographie et la liste impressionnante des institutions qui conservent ses images. Si Paris n’a plus de secrets, c’est bien à cet infatigable piéton qu’on le doit, il empêcha tout un passé de disparaître!
Autour de l’exposition, une table ronde sur l’histoire de la photograhie est programmée samedi 16 juin de 14h30 à 17h30, l’entrée est libre dans la limite des places disponibles.
En famille Un livret-jeu pour les enfants, » Le petit Parigot » est disponible sur le site du musée. Des visites-conférences d’1h30 sont organisées tous les samedis à 14h sans réservation. Des visites contées d’1h sont proposées aux familles avec enfants à partir de 5 ans, ainsi que des ateliers de 2h sur le « vieux paris » , les mercredis et samedis. Les horaires des ateliers sont fixés en fonction de l’âge des enfants, 5-7ans,7-9ans, 10-12 ans
Pour les enseignants, les visites sont libres ou commentées par un conférencier. Elles doivent être réservées auprès du service d’action culturelle. Des dossiers pédagogiques sont disponibles pour préparer la visite de l’exposition: un dossier de présentation d’ Eugène Atget et de l’exposition,et des dossiers thématiques.
Le Café pédagogique est un média associatif, imaginé et développé par des enseignants.
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