Programme du cycle 3 en français : un recul du ministère et « un début de dialogue »
Une bataille a été menée à bas bruit par les organisations syndicales dans laquelle elles ont obtenu gain de cause. Le ministère de l’Éducation nationale a reculé sur plusieurs points demandés par les organisations syndicales. Elles ont ainsi obtenu pour le programme de français de cycle 3 (CM1, CM2, 6e) la suppression des prescriptions, comme les listes d’œuvres et les exemples de pratiques pédagogiques imposées. Elles ont également obtenu l’élimination des références à l’enseignement explicite et des objectifs temporels stricts, donnant ainsi plus de liberté pédagogique aux enseignants. La Secrétaire générale du Snuipp-FSU, Guislaine David résume la situation : « Si un début de dialogue s’est amorcé avec la Dgesco avec la prise en compte de certains de nos amendements (ce qui n’avait pas été le cas pour le choc des savoirs) et l’abandon notamment la suppression des exemples de réussites, la mise à disposition d’une liste d’œuvres actualisées dans les ressources ou encore la suppression de la référence aux guides de grammaire, ce nouveau programme n’en reste pas moins mauvais pour les élèves ».
Le SNES-FSU précise « également [avoir] obtenu la suppression des multiples occurrences de l’adjectif « explicite » du texte du programme, gagnant ainsi l’assurance que « l’enseignement explicite », tel que le modélise Steve Bissonnette, ne devienne pas la méthode d’apprentissage officiellement imposée. »
Toujours des divergences
Certaines références et terminologies liées à la grammaire sont contestées par les syndicats. Un groupe de travail pour réexaminer cette partie des programmes sera créé.
Le SNES et SNuipp-FSU continuent de s’opposer à des éléments tels que les objectifs de fluence imposés (par exemple, 130 mots par minute en 6ème) et la place centrale de la dictée dans le programme.
Pour Guislaine David, le programme « est fait pour un élève normé sans tenir compte de la diversité des élèves, la notion de cycle est d’ailleurs abandonnée. La lecture reste centrée sur le déchiffrage et la fluence, la compréhension pourtant essentielle est mise au second plan. Les enseignants n’ont pas besoin de nouveaux programmes pour faire leur métier, ils ont besoin qu’on leur fasse confiance et qu’on leur en donne les moyens. En ce sens, le plan reconquête de l’écrit, vaste opération de com du premier ministre, est encore une marque de mépris d’un gouvernement qui considère les enseignants comme des exécutants et pas comme des professionnels concepteurs de leur enseignement. »
Djéhanne Gani
