L’auteur de cette enquête et de cet ouvrage – Mathieu Bosque – n’est pas un professionnel de l’éducation. C’est un aiguilleur du ciel qui a atterri sur le rude sol de la politique aux côtés de François Ruffin. Il a la fraîcheur d’un autodidacte qui cherche à comprendre pour agir et qui peut parfois sortir des sentiers battus et déplacer quelque peu les lignes.
« Une sorte de roman picaresque éducatif »
Ce livre est une sorte de roman picaresque éducatif où l’on se balade dans des endroits divers de la France égrenés en petits chapitres distribués tout au long du livre et qui sont autant de flashs significatifs de la situation contemporaine dans le domaine scolaire, en particulier de celle de ses maîtres.
On se balade aussi dans l’histoire de France, en petits chapitres eux aussi égrenés de ci de là, mais étayés par des références historiques solides issues généralement de l’un des livres majeurs de l’historienne de l’éducation Françoise Mayeur (Histoire de l’enseignement, tome 3, Perrin, 2004)
On a finalement un ouvrage à nul autre pareil dans sa facture, dans le ton et sur le fond. C’est sans aucun doute ce qui en fait tout le prix. Et cela n’a pas manqué d’être perçu par deux bons connaisseurs du domaine scolaire qui ont accepté tous deux de le préfacer : Alain Bentolila (Apprendre à résister au coeur de l’école) et Philippe Meirieu (Contre les enfermements, une enquête pour se mettre en quête)
Un roman picaresque qui se balade en différents lieux de France. Proyat, département de la Somme (p.19). Siège de l’OCDE, Paris 16° (p. 27). Place de Corbières, quartiers Nord de Marseille (p. 33). Université de Bourgogne, Dijon (p. 37). Collège Georges-Chumeton, Dijon (p. 43). Vieux-Port, Marseille (p.49). Assemblée nationale (p. 69). Ring Club Valley, Air-Bel, quartiers Est de Marseille (p.77). Convention de la fédération française du bâtiment, porte Maillot, Paris (p.81). Saint-Savournin, Bouches-du- Rhône (p. 99). A la télévision, un peu partout en France (p.105). Centre psychothérapeutique Le Coteau, Vitry-sur-Seine (p.109), Collège de l’Estaque, Nord de Marseille (p. 117). Villejuif et Vitry-sur-Seine (p. 123). Ecole Air Bail, salle des maîtresses, Marseille (p.135). Siège de l’OCDE (p. 173). CDI du collège Charles Péguy, Paris 19° (p. 179). Assemblée nationale (p.185). Ecole Air Bel, salle des maîtresse, quartiers Est de Marseille : conclusion (p. 197).
Comment insuffler aux jeunes la vocation pédagogique ?
Un roman picaresque qui se balade aussi au long cours de certains moments de l’histoire de France. Des ruisseaux à la rivière, 1789-1848 (p. 53). Le temps des grands mots, 1789-1799 (p. 54). Le temps des premiers bâtisseurs,1814-1848 (p. 61). L’école n’est pas un long fleuve tranquille, 1851-1870 (p. 89). Le jour où la République a sauvé l’école, 1860-1881 (p. 139). Le temps de la grande vision, 1871-1181 (p. 155). La rencontre d’une vision et d’une génération (p. 167). Quand la politique donne du sens (p. 171).
La question centrale que se pose (et nous pose) Mathieu Bosque se trouve sans doute à la page 54 de son livre : « Nous qui savons que les fondateurs de l’école de la troisième République (Jules Ferry, Paul Bert…) ont finalement réalisé le rêve des révolutionnaires, nous qui savons qu’ils ont réussi à former suffisamment d’enseignants pour doter la France d’une grande école laïque, obligatoire et gratuite, nous sommes en mesure de relire l’histoire de notre pays en prêtant attention aux détails qui ont fait basculer les choses. Quelle fut donc la stratégie de Jules Ferry et de ses collègues pour insuffler à des dizaines de milliers de jeunes la vocation pédagogique ? Pourquoi les pères républicains ont-ils réussi et pas les autres ? Quel a bien pu être leur secret ? Des réponses à ces questions nous seraient bien utiles aujourd’hui ». A suivre…
Claude Lelièvre
Mathieu Bosque, A la recherche des profs perdus. Enquête. Préfaces d’Alain Bentolila et Philippe Meirieu. Editions de l’Aube, 2025, 231 pages, 19 euros.