Mis à jour le 31/12/24
La nouvelle ministre de l’Education nationale, Elisabeth Borne, s’est rendue à Mayotte ce lundi 30 décembre et a créé une polémique assez rapidement en tournant le dos à deux enseignants.
« Depuis 15 jours, dans tous les bidonvilles ici, personne n’est venu », lui explique un enseignant dans une vidéo retransmise sur BFM TV. « Vous pouvez dire ce que vous voulez aux informations, la réalité elle est là ». La ministre répond « qu’il y a eu des distributions comme vous l’avez fait ». Un autre enseignant indique « que personne n’a vu ces distributions ». Elisabeth Borne répond « qu’elles existent et que peut-être que les gens ne sont pas bien informés ».
Impliqués eux-mêmes dans la distribution d’aide depuis le cyclone, le duo d’enseignants indique qu’aller chercher de l’aide au point relais nécessitait 10 kilomètres de marche en pleine chaleur. « C’est infaisable sans eau et sans nourriture », décrit-il. La ministre est repartie rapidement en disant simplement « OK ».
S’en est suivi un emballement politico-médiatique sur les réseaux sociaux et les médias mainstream tellement fort que la ministre a réagi sur X. « La séquence tronquée, diffusée ne reflète pas mes échanges avec les deux enseignants au départ du collège de Kaweni. Par ailleurs, attachée au dialogue, consciente et préoccupée par la gravité de la situation, j’ai longuement échangé hier avec les personnels de direction et les syndicats enseignants sur la situation à Mayotte et les défis de la rentrée », écrit-elle ce 31 décembre.
De son côté le SNES-FSU, déclare que « le témoignage de ce collègue est édifiant. Élisabeth Borne ne peut pas tourner le dos à cette réalité ! »
Dans le Café :
Ce professeur a quitté Mayotte : « Aucune aide n’est arrivée pendant 9 jours »
« Nous avons vécu dans le dénuement le plus total ». Dans cet entretien au Café pédagogique, ce professeur explique pourquoi il a quitté Mayotte fin décembre 2024, sans l’aval du rectorat et à ses frais. L’enseignant a rejoint la Métropole après avoir « vécu l’enfer ». Il témoigne des journées qui ont suivi le passage du cyclone dévastateur et de son périple pour quitter l’archipel.
Témoignages de Mayotte : « On est dans un cauchemar »
« Le territoire est dévasté » dit Abal-Kassim Cheik Ahamed, président de l’université de Dembéni. Comme lui, le directeur d’une école Guillaume Dupré Wekesa témoigne de la situation catastrophique de Mayotte. Il décrit au Café pédagogique des paysages de désolation : « il n’y a plus rien. Tout est rasé ». Un éclairage cru est jeté sur Mayotte, département le plus pauvre de France, depuis le passage du cyclone Chido. On y comptait près de 300 000 habitants, dont 85% vivant sous le seuil de pauvreté et 60% de jeunes de moins de 25 ans. Un tiers de la population était logée dans un habitat informel. 8% des enfants n’était pas scolarisé selon une étude de 2023, soit entre 5000 et 9000 élèves. Après le passage du cyclone, ces chiffres ne peuvent qu’annoncer une catastrophe… annoncée.