Comment vont les enfants ? Après la crise sanitaire, la santé mentale s’est dégradée dans l’ensemble de la population, enfants et adolescents compris. Une étude inédite de France Santé publique publiée le 10 décembre 2024 menée auprès des enfants de 3 à 6 ans révèle leur souffrance dès le plus jeune âge. 8,3 % des enfants scolarisés en maternelle présentaient au moins une difficulté émotionnelle, oppositionnelle ou d’inattention/ hyperactivité probable avec un retentissement sur leur vie au quotidien. Ce chiffre alerte sur la nécessité de dispositifs d’accompagnement en santé mentale des enfants avant l’âge de 6 ans, dans l’école comme en dehors.
Une « Etude nationale sur le bien-être des enfants »
Une « Etude nationale sur le bien-être des enfants » basée sur un échantillon représentatif d’enfants âgés de 3 à 6 ans scolarisés à l’école maternelle, en France hexagonale, a été menée en 2022 par Santé publique France, avec l’appui du Ministère de la Santé et de l’Accès aux soins et du Ministère de l’Éducation nationale. Elle met en lumière la question de la santé mentale des enfants de 3 à 6 ans. L’étude transversale est une enquête prenant en compte des questionnaires posés à l’enfant, un parent et enseignant.
Une première photographie de l’état de santé mentale des enfants en France.
Les résultats de cette première édition de l’étude Enabee révèlent que 8,3 % des enfants âgés de 3 à 6 ans, scolarisés en maternelle, présentent au moins une difficulté émotionnelle, oppositionnelle ou d’inattention/ hyperactivité probable avec un retentissement sur leur vie au quotidien. Elle indique également que durant l’année précédant l’étude, près de 13 % des enfants scolarisés en maternelle ont consulté au moins une fois un professionnel de santé, pour des difficultés psychologiques ou d’apprentissage. Selon l’étude, « environ un tiers des enfants qui présentent au moins un type de difficultés probables avec un retentissement sur leur vie quotidienne a consulté un professionnel de santé mentale au cours de l’année précédente ». Si ce chiffre montre une part importante d’enfants ayant besoin d’une prise en charge, il faut noter qu’une majorité d’enfants n’a certainement pas eu cet accès au soin. Ce chiffre alerte sur la nécessité de dispositifs d’accompagnement en santé mentale des enfants avant l’âge de 6 ans.
Les CPS, un plan ministériel en 2023…
Pour Santé publique France souligne, développer les compétences psychosociales (CPS) est un levier à mobiliser au bénéfice de la santé mentale dès le plus jeune âge.
Un plan d’action pour la santé mentale a été lancé par le Ministère de l’Education nationale. Parmi plusieurs mesures, une concerne les élèves de maternelle : le protocole santé mentale « du repérage à la prise en charge ». Le site Eduscol propose une page à destination des professionnels de l’éducation.
Mais…
Si ce « plan » est mis en œuvre, sans professionnels à l’écoute des enfants, sans personnels médico-sociaux, sans formations dédiées à l’ensemble des personnels, peut-il s’accompagner de résultats ? Par ailleurs, l’accès aux soins est également empêché par le nombre insuffisant de pédo-psychiatres, psychologues comme par le coût de ces soins, inaccessibles pour certaines familles. Un levier supplémentaire serait d’observer les effets des conditions sociales précaires et difficiles sur le bien-être des enfants. Agir sur les conditions de vie, lutter contre les inégalités pourrait avoir des effets bénéfiques sur la santé, mentale et physique.
Vers une politique de prévention et de protection des enfants ?
L’étude souligne la prudence à observer avec les résultats qu’elle présente : « à ces âges précoces, les problèmes de comportements et émotionnels peuvent évoluer rapidement : il importe donc d’être prudent quant à l’interprétation des résultats. Il ne s’agit pas d’identifier ou de stigmatiser tel ou tel enfant, mais bien d’avoir une représentation épidémiologique des besoins des enfants dans leur ensemble et de pouvoir développer à terme une politique de prévention plus adaptée et pertinente, répondant aux besoins des nouvelles générations. »
Djéhanne Gani
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