La ministre Anne Genetet a publié une vidéo pour « rétablir la vérité face au flot de fausses informations qui circulent ». Fake news, critiques et polémiques attaquent le programme d’éducation la sexualité. Que dit la ministre sur ce programme ? Depuis le mois de mars 2024, un projet de programme d’éducation à la sexualité est en cours de finalisation. Il répond à l’obligation légale de 2001 d’éducation à la relation à soi et aux autres, aux émotions, au respect dans un souci d’égalité. Ce programme a une approche progressive selon les âges et se veut aussi outil de prévention contre le harcèlement et de lutte contre toute forme de violence. Il sera présenté au Conseil Supérieur de l’éducation mi-décembre. La ministre Anne Genetet a tranché, pour elle, il n’y a « rien à retoucher sur le fond ». Est-ce que ce sera son et le dernier mot ?
Un texte « en l’état pas acceptable » pour les détracteurs conservateurs proches de la droite et de l’extrême-droite
Comme en 2014 avec les ABCD de l’égalité, l’opposition au projet de programme rassemble des forces conservatrices du pays, partis politiques de droite (LR), les associations comme le Syndicat de la famille (ex-Manif pour tous), proches de droite et de l’extrême-droite. Les détracteurs du programme avaient lancé des polémiques et des mensonges pour affoler l’opinion publique. En 2014, le projet des ABCD de l’égalité avait suscité une campagne de mensonges contre le projet de la ministre Najat Vallaud Belkacem dont l’objectif était la lutte contre le sexisme et les stéréotypes de genre.
10 ans après, rien n’aurait changé ? Pour le ministre délégué Alexandre Porter (LR), le programme d’éducation à la vie affective et relationnelle et à la sexualité n’est « en l’état pas acceptable ». Le Secrétariat général catholique (SGEC) et l’association de parents d’élèves de l’enseignement libre (Apel) enseignement catholique ont rejoint cette position vendredi 29 novembre, et demandé que le texte soit « profondément remanié ». Ils reprochent notamment au projet de programme de « se substituer à la responsabilité éducative des parents », de ne pas « s’adapter à la maturation et à la singularité de chaque élève ».
Des fake news et des lignes divergentes au sein du ministère
Le ministre délégué Alexandre Portier (LR) a relancé la polémique de la « théorie du genre » en déclarant mercredi 27 novembre devant les sénatrices et sénateurs que « la théorie du genre n’a pas sa place à l’école ». « La théorie du genre n’existe pas. C’est un épouvantail régulièrement agité par l’extrême-droite » a répondu la secrétaire générale du SNES-FSU Sophie Vénétitay. La ministre de l’Éducation nationale Anne Genetet à l’Assemblée nationale a affirmé jeudi 28 novembre : « la théorie du genre n’existe pas, elle n’existe pas non plus dans le programme ». La ministre de l’Education nationale Anne Genetet a précisé dans une vidéo vouloir « rétablir la vérité face au flot de fausses informations qui circulent » – parlait-elle des déclarations du ministre délégué ?
Un programme qui protège les enfants pour les associations
Les associations Ciivise, (commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants) comme le Planning familial dénoncent les pressions faites au gouvernement pour renoncer à ce programme. « Jamais, le besoin d’instruire les enfants de manière progressive et ajustée à leur âge et de leur permettre de comprendre les enjeux de la vie affective et relationnelle, de l’intimité, du consentement n’ont été plus évidents et consensuels » écrivent-elles. Le Planning familial rappelle également le rôle essentiel de l’éducation à la vie sexuelle dans la prévention et la protection des jeunes dans un pays où « toutes les trois minutes, un enfant est victime d’inceste, de viol ou d’agression sexuelle ». Pour les associations, « bénéficier d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, permet d’apprendre le respect de soi et des autres, d’appréhender le consentement, de lutter contre les stéréotypes et toutes formes de violences ».
La ministre de l’Éducation nationale se dit « fière » de ce projet, qu’elle qualifie de « source de progrès ». Elle déclare à Ouest France : « dans ce projet, il n’y a rien d’idéologique. Il n’y a qu’une ligne, c’est la mienne. » Cette ligne suffira-t-elle à éteindre les polémiques notamment au sein du ministère et au-delà et permettra-t-elle l’aboutissement de ce programme d’éducation à la vie affective et sexuelle ?
Djéhanne Gani
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