Comment engager des professeurs de langues, d’arts plastiques, de SVT, d’EPS, de sciences de l’ingénieur ? Nathalie Salines, professeure d’espagnol au lycée Victor Duruy est également ERAEI (enseignante référente à l’action internationale et européenne). Dans ce projet eTwinning autour de l’agenda 2030 mené avec ses élèves, l’idée est « trouver des alternatives à certaines réalités propres aux établissements ». Entre plantations, sculptures et micro plastiques…
Pouvez-vous présenter le projet e-twinning, les partenaires et ses objectifs ?
Le projet eTwinning « nos établissements scolaires et l’Agenda 2030 » est un projet fondé avec notre partenaire espagnol, le lycée Arquitecto Ventura Rodríguez de Boadilla del Monte à Madrid. 6 établissements scolaires participent, soit 30 professeurs et plus de 500 élèves.
L’objectif de ce projet était de faire connaître les 17 objectifs de l’Agenda 2030, et ainsi apprendre et diffuser la notion d’éco responsabilité.
Les élèves ont ainsi mené une réflexion collective sur les améliorations possibles des établissements scolaires et comment les mener à bien. Ils ont collaboré pour trouver des solutions ou des alternatives à certaines réalités propres aux établissements. Nous pouvons citer l’exposition consacrée aux 17 ODD réalisées dans plusieurs établissements partenaires ( exposition d’affiches et également de sculptures réalisées par les élèves en arts plastiques en France et Espagne), le projet de mini-potager intelligent, la réalisation de plantations au sein des lycées, le travail collaboratif sur les plastiques et micro plastiques, la réalisation d’une revue collaborative centrée sur des interviews aux sportifs paralympiques, aux initiatives durables au sein des établissements scolaires…
Nous avons ainsi travaillé le plurilinguisme. La célébration des Erasmus Days, des journées internationales, du joli mois de l’Europe a rythmé le projet : journée internationale contre les violences faites au femmes (25 novembre), journée mondiale de l’inclusion (3 décembre), journée des droits des femmes (8 mars), journée contre l’homophobie et la transphobie (17 mai), journée de l’environnement (5 juin).
La préparation des mobilités a été un élément important de collaboration entre élèves. Ils ont pu réaliser des activités communes avec leur correspondant, qui ont été finalisées lors des mobilités : par exemple, la danse des jeux olympiques a été répétée séparément puis réalisée en Espagne lors de l’échange. Les pays impliqués en plus de la France et l’Espagne sont l’Italie et l’Autriche.
C’est un projet interdisciplinaire ? Comment travailler avec les différents partenaires et en interne en coopération ?
C’est un projet pluridisciplinaire et plurilingue. Des professeurs de langues, d’arts plastiques, de SVT, d’Education Physique et Sportive, de sciences de l’ingénieur… se sont impliqués dans le projet. Dans le cas du mini potager intelligent, le professeur de sciences de l’ingénieur du lycée avait accueilli dans sa classe la professeure espagnole de robotique (un élève avait assuré la traduction) et c’est ainsi que l’idée de faire une activité commune tout au long de l’année a germé. Étant la professeure d’espagnol de la classe en question, le relai eTwinning s’est installé naturellement. Le lycée de Rome s’est également joint au projet sans difficultés.
De la même façon, le professeur de SVT a animé la visite du parc de la ville de Mont de Marsan, suivi d’un atelier « herbier » lors de la venue des correspondants espagnols à Mont de Marsan. La professeure espagnole de Boadilla del Monte a poursuivi le travail lors de notre venue. La réalisation par la suite d’un herbier numérique regroupant les espèces des deux localités ( Mont de Marsan et Boadilla del Monte) a été possible.
Cette pluridisciplinarité au sein du projet a permis de développer la pluridisciplinarité au sein de notre établissement scolaire. En plus d’un projet eTwinning, cela devient également un projet de classe. Dans le cas du mini potager, j’ai travaillé en collaboration avec le professeur de sciences de l’ingénieur, et la collègue d’espagnol professeure de la classe de 1stmg a impliqué ses élèves dans la diffusion et valorisation du projet. Les élèves de premières sti2d et stmg se sont donc rencontrés à plusieurs reprises pour échanger autour de ce projet. Une visioconférence a même pu avoir lieu entre des élèves du lycée de Boadilla et des élèves des deux classes précédemment citées que nous avons pu réunir.
Comment se sont passées les mobilités ? Quelle langue de communication ?
Le projet eTwinning a permis de préparer les mobilités, de diffuser les mobilités et de compléter les mobilités grâce au travail virtuel mené tout au long de l’année (travail sur les présentations personnelles, forum d’activités partagées et réalisation de productions virtuelles grâce à des outils numériques tels que Canva, linoit…). Les mobilités se sont toutes très bien déroulées et il ressort de l’enquête distribuée aux élèves qu’ils ont apprécié de connaître leur correspondant au préalable et de collaborer avec lui via eTwinning ce qui les a mis en confiance vis-à-vis de l’échange réel.
Plusieurs langues ont été utilisées, français, espagnol, anglais et italien. Le plurilinguisme est un objectif de notre accréditation, et eTwinning nous permet également cela.
En tant que professeure d’espagnol, la langue de communication a été l’espagnol, même si les élèves ont été amenés parfois à utiliser l’anglais.
Quelle a été la plus grande difficulté particulière pour mener ce projet ?
La difficulté est de trouver des temps communs pour échanger entre professeurs et également entre apprenants. Les emplois du temps sont différents, en France les élèves ont cours jusque tard dans l’après-midi et si nous les avons sur ces créneaux horaires de fin d’après-midi, les visioconférences ne sont pas possibles. Nous devons nous arranger avec d’autres collègues qui ont la classe sur des horaires possibles pour nos partenaires.
Quel bilan faites-vous de ce projet ?
Bilan très positif. L’apprentissage grâce aux projets est un vrai atout et un élément important de motivation des élèves. Les élèves s’engagent avec beaucoup d’enthousiasme et se révèlent beaucoup plus. Certains élèves, en situation d’échec ou en difficultés scolaires, se sentent valorisés car d’autres compétences sont utilisées.
Propos recueillis par Djéhanne Gani
Pour retrouver le projet résumé en 1 minute dans cette vidéo