Les ministres passent et les réformes se poursuivent. Un an après Gabriel Attal, la ministre Anne Genetet poursuit le travail lancé par son prédécesseur : groupes de besoin de la 6e à la 3e, brevet comme condition pour passer en Seconde. Le cap est bel et bien maintenu, les réformes devraient suivre et être appliquées, toujours malgré tout. Sans moyens, sans l’adhésion des personnels, sans vote démocratique. C’est la marque de fabrique depuis 2017. Et c’est pourtant un tournant historique majeur dans l’histoire de l’école : celui du début de la fin de la démocratisation scolaire.
Une vision politique de l’Ecole : la séparation au détriment de la coopération
Le projet mené est projet de la séparation au détriment de la coopération. Au sein des groupes de « besoin », les élèves sont séparés selon leur niveau scolaire… et social, tant les parcours scolaires des élèves sont déterminés par leur milieu social.
Faire apprendre les élèves séparément, les assigner à un « groupe de besoin » faible, comme satisfaisant ne les fait pas vivre ou apprendre ensemble. Ne peut-on pas apprendre à l’Ecole dans et par les différences scolaires et sociales ? Les élèves de niveau fragile ont-ils besoin d’être ensemble pour apprendre mieux ? C’est finalement le projet d’une école non-mixte que les ministres successifs mènent. C’est un tournant historique. Séparer les élèves et les trier, c’est un projet d’école comme de société.
Le brevet qui conditionne le passage en Seconde va exclure des élèves du lycée. Les élèves les plus faibles sont également souvent les plus défavorisés. Et ces élèves sont majoritairement orientés dans la voie professionnelle. Les réformes menées dans la voie professionnelle ont réduit les heures d’enseignement au profit des stages. Les élèves qui n’ont pas obtenu le brevet ne pourront plus à partir de 2027 aller au lycée professionnel. L’ambition est d’
proclame la ministre. Le ministère voudrait faire mieux avec moins. Pour certains élèves, c’est la fin annoncée de la démocratisation scolaire comme l’abaissement de durée de la scolarisation.
Des réformes sourdes et aveugles au terrain, aux besoins
Les annonces des ministres sont loin des besoins et attentes : non seulement la question des moyens pour la revalorisation des métiers est absente, tout comme celle des moyens pour baisser les effectifs des classes. Les groupes de besoin sont d’après les remontées de terrain des groupes hétérogènes. Ce que les personnels souhaitent sont bel et bien « des groupes classes allégés ».
Une ambition pour l’École passera par une revalorisation du métier plutôt que par la réduction du métier de professeur à celui d’exécutant, mettant en œuvre des kits pédagogiques – labellisés ou pas -, ou des réformes successives, épuisantes autant que méprisantes. Le chemin emprunté est celui de la dégradation salariale et professionnelle. Élèvera-t-on le niveau des élèves sans élever celui des professeurs, voire sans professeurs….
Djéhanne Gani
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