L’historien Claude Lelièvre reprend le titre de l’ouvrage de Hervé Hamon et Patrick Rotman paru il y a quarante ans. A l’heure de la crise d’attractivité du métier et des suppressions de postes annoncées, Claude Lelièvre invite à une relecture.
Dès le début de ce livre paru en 1984, Hervé Hamon et Patrick Rotman donnent clairement sa tonalité majeure qui semble d’actualité aujourd’hui encore, quarante ans après… Mais avec l’aggravation de certaines mises en cause de la part de certains médias ou politiques, sans compter l’annonce de la décision comme allant de soi de la suppression effective de 4000 postes de professeurs.
« Les parents accusent les profs qui accusent les élèves qui accusent les profs qui accusent les parents, et ainsi de suite. Chacun vocifère ou pleurniche en repassant à l’autre la responsabilité du drame. C’est trop facile, et c’est inefficace. Nous ne vivons pas la fin d’un âge d’or – l’adieu aux »bons » élèves, aux »bons » maîtres, aux »bons » programmes, etc – mais une mutation historique qu’il faut comprendre. Les enseignants ne sont pas une cohorte d’embusqués désinvoltes qui assistent paisiblement à la déroute de leurs troupes. Les parents ne sont pas une légion de paranoïaques en mal d’expéditions punitives. Et les élèves ne sont pas une meute d’analphabètes dégénérés. Comme la plupart de nos concitoyens, nous sommes las des argumentations fragmentaires et partisanes […]. Les enseignants sont sur le qui-vive. Jadis au-dessus de tout soupçon, ils se jugent victimes d’une campagne de dénigrement, et ne trouvent d’autre parade qu’un rejet farouche de l’interpellation […]. Au terme de deux années passées parmi les profs, nous n’emportons que deux certitudes. La première est que nous avons côtoyé des femmes et des hommes qui vivent un drame, qui se débattent. La seconde est que le dénouement n’est écrit nulle part. Ce livre n’est pas optimiste ; il n’est pas non plus désespéré ; que nul n’y pénètre s’il goûte les idées simples. »
Un livre à »revisiter » en ces temps d’incertitudes. D’autant que le pouvoir politique actuel affirme donner la « priorité » à l’Education nationale, et sacralise l’Ecole en parole en affirmant « sanctuariser » son budget (alors qu’il reste fixe en temps d’inflation) et qu’il exalte en parole les « hussards noirs de la République » (voire les « hussardes de la République » dixit la nouvelle ministre de l’Education nationale) alors qu’on prévoit d’en sacrifier 4000 en prétextant d’une baisse « démographique » (une variable qui n’a pas toujours été prise en compte – tant s’en faut – lorsqu’elle était à la hausse…).
Claude Lelièvre
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