Les ministres démissionnaires Attal et Belloubet ont annoncé et lancé une réforme du « choc des savoirs » pour la rentrée 2024. La réalité du terrain est un camouflet. Une semaine après la rentrée, le verdict est clair : la réforme des groupes de niveaux, souhaitée par Gabriel Attal n’a pas vu le jour. Les syndicats enseignants comme ceux des personnels de direction ont mené une enquête dans les collèges à la rentrée. Les enquêtes du SNES et du SNPDEN arrivent aux mêmes conclusions : la mesure-phare de la réforme du choc des savoirs n’est pas appliquée dans la majorité des collèges.
Une réforme rejetée par l’ensemble de la communauté éducative
La réforme avait été combattue dans la rue : les rassemblements et manifestations ont réuni les personnels et les familles contre « le tri des élèves ». La FCPE s’est également fermement opposée à la réforme. La mobilisation a donc porté ses fruits. Pour le SNES, « c’est un point d’appui pour la suite et pour gagner l’abandon du Choc des savoirs ».
Etat des lieux à la rentrée 2024
Selon l’enquête du SNES 64,5% des collèges ne mettent pas en place la réforme des groupes de niveaux. 35,5% des collèges appliquent la réforme. Les chiffres de l’enquête du Snpden comptent 60% de collèges avec des groupes hétérogènes contre 21% avec groupes homogènes, de niveau. Les collèges ont fait le choix de l’hétérogénéité et n’ont pas appliqué la réforme des groupes de niveaux. Les syndicats rapportent qu’il y a autant d’applications de la réforme que de collèges.
Dans le 93, une enquête de l’intersyndicale annonce que 80% de collèges n’ont pas de groupe de niveaux. Dans certains collèges, il y a des alignements toute l’année en français et mathématiques, avec des groupes ou enseignants fixes ou variables. Dans d’autres collèges, ce sont des groupes en français mais pas en mathématiques, ailleurs ce sont des groupes uniquement en 6e. La cacophonie « groupes de niveau -groupe de besoin » a accouché de groupes hétérogènes au prix d’une complexification des emplois du temps et de tensions. Ces groupes hétérogènes ont parfois été obtenus à l’arraché. Ailleurs, au contraire les équipes se sont emparées de la souplesse laissée, entre les lignes, par les textes de la ministre Belloubet. Les groupes de « besoin » ont ainsi succédé aux groupes de niveau.
Sophie Vénétitay a souligné dans sa conférence de presse que la réforme du choc des savoirs mise en place à la rentrée 2024 n’est pas la réforme voulue par Gabriel Attal en septembre 2023 car « la profession s’est largement mobilisée contre certains dispositifs ». Pour la rentrée 2025, une généralisation des groupes de niveaux de la 6e à la 3è n’est « techniquement pas possible » pour Bruno Bobkiewicz, le secrétaire général du Snpden.
A défaut de raison politique, les arguments pragmatiques pourraient apporter de « bonnes » réponses.
Djéhanne Gani
La FCPE demande l’abandon de la réforme du choc des savoirs