Comment découvrir les sports olympiques ? Maxime Scotti est enseignant d’EPS dans un collège de région parisienne. A l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, il publie un livre qu’il a coordonné « Les Jeux Olympiques et paralympiques racontés aux enfants par les enfants ». Il répond aux questions du Café pédagogique.
Vous avez coordonné un ouvrage sur les JO fait par les élèves. Comment et pourquoi est né ce projet ?
Ce projet est né de la volonté de ma cheffe d’établissement de mettre en place un projet ambitieux pour nos élèves tout en profitant du contexte des Jeux Olympiques et Paralympiques. Situé dans un quartier politique de la ville, en éducation prioritaire, le collège Nicolas Boileau accueille une majorité d’élèves issus de la cité du Bois l’Abbé à Chennevières-sur-Marne. Les problématiques socio-pédagogiques face à un tel public sont celles que nous connaissons tous, mais nous avons décidé d’en cibler deux complémentaires. D’une part ouvrir les élèves sur le monde en les amenant à s’emparer d’une culture qui dépasse les frontières de leur quartier. D’autre part ouvrir le monde extérieur sur leur travail et leurs qualités par le biais d’un projet dont la résonance permettait de venir rompre avec la réputation négative portée par cet établissement depuis plusieurs années.
Que trouve-t-on dans ce livre ?
Nous avons souhaité que ce livre ne porte pas uniquement sur de la connaissance strictement technologique des activités physiques et sportives. Alors certes une majeure partie des textes le constituant sont des fiches explicatives de tous les sports olympiques et paralympiques sous forme de connaissance minimale à posséder pour comprendre rapidement un sport en tant que spectateur ou téléspectateur.
Le reste de l’ouvrage porte la volonté collective de montrer que le sport n’est pas uniquement la propriété de l’éducation physique et sportive à l’école. Au contraire il est un produit culturel investissable par l’ensemble des acteurs et des disciplines scolaires. On y trouve donc des fiches thématiques liées à des connaissances en mathématiques, en histoire, en musique, en arts plastiques, etc. pour venir éclairer et comprendre les problématiques qui touchent les Jeux Olympiques et Paralympiques, le sport, son histoire et sa pratique. Par exemple « Pourquoi je transpire quand je fais du sport ? » « Pourquoi les nageurs n’ont-ils pas de poils ? » ou bien « Pourquoi les départs sont-ils décalés sur certaines courses en athlétisme ? ».
Enfin, et c’est une partie dans laquelle les élèves ont investi beaucoup de leur temps, le Club journal du collège a effectué les interviews de divers acteurs dont on retrouve les extraits tout au long de la lecture. Ici, l’enjeu était de sensibiliser, nos élèves et les futurs lecteurs, au fait que la performance sportive n’était jamais individuelle car elle était le résultat de l’engagement et de l’interaction d’une multitude d’acteurs. Ainsi, cet ouvrage a permis aux élèves d’échanger avec la Ministre des Sports, aujourd’hui démissionnaire, Amélie Oudéa-Castéra, le directeur de l’INSEP Fabien Canu, Nelson Monfort, Laetitia Guapo, Sandrine Martinet, et bien d’autres.
Quels enjeux pour les élèves ont les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris ?
Des enjeux il y en a une multitude et je pense qu’ils diffèrent en fonction des établissements et des élèves auxquels on s’adresse. Tous n’auront pas vécu ces Jeux de la même manière. Certains auront passé leur été devant leur télévision ou pour les plus chanceux sur les sites olympiques. D’autres, et je crains que ce soit le cas de mes élèves, n’y auront prêté qu’une petite attention. Les conséquences, donc, nous ne les verrons qu’à la rentrée et durant les mois, voire les années, à venir.
Notre livre sur les Jeux Olympiques et Paralympiques portait l’espoir d’amener les élèves à se tourner vers ce spectacle et à en faire des spectateurs éclairés. Si dans le même temps il permettait aux élèves d’oser découvrir des sports éloignés de leur culture alors tant mieux. Là encore nous ne pourrons évaluer ses effet qu’en échangeant avec eux.
Toutefois, s’il y a une opportunité importante, voire indispensable, dont il faut se saisir à mon sens, elle concerne les Jeux Paralympiques. Rappelons-nous la tribune proposée par Teddy Mayeko, Isabelle Couëdon et Sophie Cha dans le Café Pédagogique « Et si on arrêtait de ‘dispenser’ les élèves en EPS ». Au-delà de sensibiliser la population et plus particulièrement nos jeunes élèves aux problématiques du handicap, ces Jeux doivent nous amener à valoriser les pouvoirs d’agir de tous les corps. Faire comprendre à chacun que rien ne peut justifier l’arrêt de l’activité physique et sportive. Si Théo Curin parvient à traverser un bassin de natation ou que Sandrine Martinet pratique le judo, c’est bien parce que toute activité sportive, au travers ses modalités de pratiques ou de son règlement, peut être adaptée. C’est une nouvelle culture à construire chez tous, parents, médecin, élèves, enseignants. La compétence de l’enseignant est justement de pouvoir adapter son enseignement pour permettre à tous les élèves de pratiquer.
Propos recueillis par Djéhanne Gani
Dans le Café
EPS : « le sport à l’école subit encore le mépris social »