Que propose le NFP en matière d’éducation ? Alors que les deux ministres démissionnaires Gabriel Attal et Nicole Belloubet ont choisi de se déplacer -séparément- dans des écoles du 92 – deuxième département le plus riche de France-, Lucie Castets a passé la journée de la rentrée dans le 93, département le plus pauvre et le plus jeune de l’hexagone. La communauté éducative du 93, parents d’élèves et professeurs, luttent pour un plan d’urgence depuis des mois sans être entendus. La FCPE, lors de sa conférence de presse qui s’est tenue le matin-même, a fait le même constat de Bondy, dans le 93 également. C’est donc dans le 93 que la candidate du Nouveau Front Populaire Lucie Castets a présenté la vision et le projet du NFP pour l’école. Pour elle, c’est un changement de cap « de fond mais aussi de méthode ».
Le projet de rentrée du NFP : une volonté de rupture et un constat d’échec
Lucie Castets a présenté sa feuille de route, avec les représentants du NFP, les députés Paul Vannier, Arnaud Bonnet, Fatiha Keloua Hachi et Soumya Bourouaha, des parlementaires de la commission éducation ou du 93. La candidate du NFP évoque les sujets d’inquiétudes des représentants des familles et des personnels : les réformes annoncées en cours, la crise du recrutement. Lucie Castets se pose en « rupture avec ce qui a été fait » : le NFP veut « changer la façon dont la politique se passe dans ce pays, notamment travailler avec la communauté éducative et les syndicats ». « On considère que la politique de Macron en matière éducative est un échec » lance- t-elle.
« Proposer un service public d’éducation en fonction des besoins »
A titre d’exemple, la candidate du Nouveau Front Populaire souligne qu’« en Seine saint Denis, 80% des établissements du secondaire ont un manque de personnel ». Elle évoque des « carences liées à un manque de vision (…) en matière de politique éducative et une omniprésence du prisme budgétaire ». Lucie Castets poursuit : « à l’inverse de cela, la vision du Nouveau Front Populaire, c’est proposer un service public organisé en fonction des besoins, qui tourne le dos à des réformes au coup par coup et qui n’associe pas les parties prenantes, qui n’associent pas le terrain ».
« Une clé de voute, redonner du sens et de la valeur au métier enseignant »
Pour la candidate du Nouveau Front Populaire, la question salariale est une des réponses à l’attractivité du métier, pour elle, la hausse de la rémunération « c’est aussi la valeur qu’on octroie à un métier, or le métier de professeur est un métier fondamental pour construire la société de demain mais aussi celle d’aujourd’hui ». Elle juge « inadmissible que les enseignants soient si mal payés ». Le projet propose de revaloriser de 10% le point d’indice des fonctionnaires.
Les mesures du NFP
Le NFP propose de « lancer un grand plan de recrutement avec un objectif : 19 élèves par classe, pour revenir à la moyenne de l’union européenne », affirme Lucie Castets. Le projet pour l’école présenté veut « créer une nouvelle voie d’accès, ouverture d’un concours en licence 3 avec deux ans de formation à l’issue du concours. Si le salaire des professeurs doit rejoindre la moyenne des pays de l’Union européenne, elle insiste sur la « confiance » : « il faut redonner des marges de manœuvre éducative (…) l’inverse de ce qui a été fait avec la réforme du choc des savoirs ». Lucie Castets rappelle sa volonté d’abroger cette réforme tout comme de revenir sur Parcoursup et les réformes successives du lycée professionnel qui ont « donné une part croissante aux entreprises ». La fondatrice du collectifs Nos Services publics martèle sa volonté d’un lycée professionnel qui soit un « service public à part entière ». La gratuité de l’école publique est aussi un axe du programme. Pour renforcer la mixité : « des dotations de l’État seront modulées en fonction de la composition sociale et scolaires des élèves admis dans ces établissements ». Enfin, elle évoque la question du bien-être des élèves, ajoutant que la réforme du choc des savoirs « crée une anxiété extrêmement forte ». Le problème des difficultés de l’inclusion est souligné, comme le montre l’exemple du 93 où près d’un élève sur deux en situation de handicap n’a pas de AESH, un métier à revaloriser et déprécariser pour le NFP.
A La Courneuve, Lucie Castets a présenté non pas le plan d’urgence du 93, mais l’état des urgences de l’école établi par le NFP. Les urgences énoncées par la candidate du NFP sont et ont été largement partagées par la FCPE et les syndicats des personnels lors des conférences de presse de la rentrée 2024. A quelques jours de la possible nomination du Premier Ministre, le président Macron -qui au sujet de l’éducation parlait de « son domaine réservé »-, laisse peu de perspectives pour un changement de cap pour une politique qui profite à tous les enfants et aux plus fragiles d’entre eux.
Djéhanne Gani