A la veille de la rentrée, les associations et organisation de protection des enfants, l’UNICEF, la FCPE, Jamais sans toit, la Fédération des Acteurs de la Solidarité tirent la sonnette d’alarme dans un communiqué de presse « gouvernement démissionnaire, enfants dans la misère ». Pour eux, « violation flagrante des droits de l’enfant n’a que trop duré ». Ils appellent le prochain gouvernement à donner les moyens nécessaires pour assurer « l’accès inconditionnel à l’hébergement d’urgence » et une politique ambitieuse et durable d’accès au logement.
2020-2024 : une hausse de 120% d’enfants à la rue
À l’occasion de la publication de leur dernier baromètre « Enfants à la rue », L’UNICEF France et la FAS – Fédérateur des Acteurs de la Solidarité – alertent les pouvoirs publics. La nuit du 19 août 2024, les organisations ont comptabilisé 2043 enfants sans solution d’hébergement après un appel des familles au 115. C’est une hausse de 3% par rapport à 2023 et de 120% par rapport à 2020. Pour la métropole de Lyon, le nombre d’enfants à la rue a plus que triplé en deux ans. En Seine-Saint-Denis, la situation des familles s’aggrave, avec une hausse de 23% entre 2020 et 2024. A Paris, la situation s’est améliorée sur la même période, avec une baisse de plus de 50% avec la mise en place du sas de desserrement, qui oriente les familles vers d’autres régions. Les associations alertent cependant sur le sans-abrisme des familles et sur ces données. Beaucoup de familles n’appellent plus le numéro d’urgence, 69% selon le bilan 2024 des Nuits de la Solidarité
« En Île-de-France, le collectif Le revers de la médaille a recensé 26 évacuations de lieux de vie informels par l’État en seulement cinq mois, soit presque autant que pour l’ensemble de l’année 2022. Parmi ces personnes expulsées, des centaines de mineurs non accompagnés (MNA) en recours pour faire reconnaître leur minorité. La Coordination Nationale Jeunes Exilé.es en Danger estime qu’en 2024, moins d’un tiers des 3 800 MNA en recours sur le territoire métropolitain étaient hébergés par les institutions. Ils sont 1 100 à vivre dans la rue, et 1 200 à être hébergés grâce à la solidarité citoyenne. Les médecins et psychologues bénévoles chez Médecins du monde constatent sur le terrain les conséquences dramatiques sur la santé physique et psychique de ces enfants dont le développement est altéré par la vie à la rue, s’ajoutant aux traumatismes du parcours d’exil. »
Faire de l’enfance une priorité nationale … avec un budget
Dans un contexte d’augmentation de la pauvreté, de crise du logement, la situation des enfants à la rue est préoccupante. La présidente de l’Unicef Adeline Hazan et le président de la FAS Pascal Brice dénoncent les choix politiques et leur échec dans une tribune « Zéro enfant à la rue ». Ils décrivent des enfants – « orphelins de droit » : « Dire que l’hôtel – une réalité pour 28 659 enfants – et la rue ne constituent pas des environnements propices pour ces étapes de vie décisives est une évidence. Si cela est vrai pour les tout-petits, cela l’est tout autant pour les autres enfants. Leur développement affectif et social, leur parcours scolaire et leur santé physique et mentale sont mis à rude épreuve par les privations quotidiennes de la vie sans toit. Confrontés à la grande pauvreté, leurs droits fondamentaux, tels que le droit à l’éducation, à la santé, au logement, et à une vie familiale stable, sont systématiquement bafoués ».
Les associations demandent augmentation de 10 000 places en 2025 et au prochain gouvernement de faire de l’enfance une priorité. Et pour cela, elles demandent une augmentation du budget. Le budget de l’hébergement d’urgence 2024 avait été revu à la baisse par rapport à 2023.
Djéhanne Gani
Dans le Café
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