Le SE-UNSA a tenu sa conférence de presse mercredi 28 août 2024. La secrétaire générale Elisabeth Allain-Moreno et les co-secrétaires nationaux Jérôme Fournier, Cécile Suel ont établi un état des lieux désastreux des politiques éducatives précédentes et ont présenté leurs priorités. Le syndicat dénonce « l’anomalie politique » d’une rentrée scolaire sans pilote Rue de Grenelle dans un contexte d’urgences. Pour le syndicat, le message est clair : le service public d’éducation doit être la priorité incontournable du prochain gouvernement. Leur baromètre est alarmant sur le malaise des personnels, usés : « nous sommes au-delà de l’urgence ».
« Il est temps que le brassage d’air cesse »
Elisabeth Allain-Moreno résume la situation et le bilan politique : « Il est temps que le brassage d’air cesse, et qu’une politique éducative sérieuse, cohérente et structurée se mette en place ».
Le syndicat défendra ses priorités auprès du prochain ministre. Il énumère les sujets suivants : la revalorisation des salaires des personnels, l’amélioration de la mixité sociale et scolaire dans les établissements scolaires et privés, les difficultés scolaires des élèves, la baisse des effectifs de classe, l’allocation des moyens modulée selon les difficultés des élèves, le chantier de la carte de l’éducation prioritaire.
Les enquêtes de l’UNSA : échec annoncé du pacte, manque de formation
Pour le SE-UNSA, le pacte de « s’épuiser plus pour gagner plus » est un échec. Il revient sur les enquêtes menées par le syndicat et met en lumière que 85% des répondants sont insatisfaits de leur rémunération. « Comme tout travailleur, ils ont besoin d’un salaire décent, pour suivre a minima l’évolution du coût de la vie », les personnels ont besoin de la reconnaissance pour « un métier toujours plus exigeant et difficile », poursuit-il.
« Aujourd’hui, il n’y a pas de réforme du DNB »
Au lendemain des annonces de la ministre, le syndicat le martèle : la réforme du choc des savoirs n’est pas celle du DNB. Il rappelle qu’« aujourd’hui, il n’y a aucune réforme du DNB. Il n’y a pas de texte. Rien n’a été présenté aux organisations syndicales ». Le secrétaire national juge « inacceptable que les règles changent en cours d’année ».
Le plan comm’ du choc des savoirs
Le secrétaire national Jérôme Fournier rappelle que le SE UNSA demande l’abandon de la réforme qui « fait mal à l’école ». Il qualifie le choc des savoirs de plan comm’ d’Attal et non une réponse à question politique éducative. Les choix auraient été autres, selon Jérôme Fournier. Le syndicat rappelle son opposition à cette réforme qui « trie les élèves, les sélectionne, rogne la liberté pédagogique ». La gestion des groupes relève de « la cacophonie ». Le secrétaire Se Unsa s’attend à un échec pédagogique. Jérôme Fournier relève d’ailleurs que le plan comm’ de Gabriel Attal a ouvert la boite de Pandore et que des établissements ont mis en place des classes de niveaux alors qu’ « il n’y a pas un texte parlant de groupe de niveaux ». Il fustige la labellisation des manuels : « c’est avoir une vision binaire et simpliste » de l’enseignement. Il ajoute qu’ « une ligne unique à appliquer, n’est pas ce qui fera réussir nos élèves ». Quant au changement de programmes de cycle 1 et 2, il les juge « inutiles » quand ceux d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle sont toujours attendus.
« Des collègues au bord de la rupture »
Cécile Suel tire la sonnette d’alarme sur l’attractivité du métier et les conditions de travail. Elle décrit « des collègues au bord de la rupture ». Les chiffres de départ du métier sont explosifs, notamment chez les stagiaires. Elle décrit « une lame de fond » dans la profession sans compter les démissions silencieuses des personnels qui ne veulent plus s’engager dans les activités supplémentaires.
Souffrance partout : l’exemple des CPE et de l’école pour tous
La secrétaire générale Elisabeth Allain-Morena juge que le « divorce prononcé entre une bonne partie des personnels et la politique macronnienne coûte aussi beaucoup au système ». Elle ajoute que « sans adhésion des personnels, le système ne peut fonctionner ». Elle illustre son propos avec l’exemple des CPE : selon une enquête réalisée, 1 CPE sur 2 avec moins de vingt ans d’ancienneté souhaiterait quitter le métier, et 1 sur 5 avec plus de vingt ans d’expérience.
Le syndicat juge qu’une vraie politique pour l’École pour tous doit être mise en place. SE-UNSA affirme que « seuls, enseignants et aesh n’y arriveront jamais ». Il poursuit : « il faut des professionnels du secteur éducatif et médical », comme « l’ouverture de places dans les établissements médico-sociaux », les « enseignants ne peuvent plus se retrouver seuls à gérer école pour tous ».
Selon l’enquête du SE-UNSA, plus de 8 professeurs sur 10 ne conseilleraient pas la profession : ce chiffre en dit long sur la crise aigüe du métier.
Djéhanne Gani