A l’heure de reprendre le chemin de l’école, l’enthousiasme n’est pas toujours là ! Dans ces deux histoires, en tout cas, les protagonistes n’ont pas une envie dévorante de retourner en classe. Et pourtant, quand faut y aller, faut y aller et finalement… c’est pas si pire, voire ça ouvre de nouveaux horizons. Ces deux histoires ont aussi en commun de présenter ce qui se passe avec un double point de vue.
Le monstre du placard n’aime pas l’école, d’Antoine Dole, ill. Bruno Salamone, Ed. Actes Sud Jeunesse C1 C2
On retrouve avec bonheur le monstre du placard, qui n’en est pas à son coup d’essai puisque c’est déjà le septième opus de notre monstre poilu. Comme dans les précédentes histoires, le duo auteur-illustrateur mêle avec humour quotidien et imaginaire débordant des tout-petits. Et cette fois, on parle d’école : c’est sérieux ! Même si son monstre u placard n’aime pas aller à l’école, le petit garçon est résolu à envoyer l’y envoyer pour éviter qu’il ne passe ses journées à faire des bêtises dans sa chambre. Mathématiques, géographie, histoire, dictées, langues étrangères et même musique ou peinture : rien ne trouve grâce aux yeux du petit monstre (qui ne veut pas devenir grand) et son petit humain est finalement assez d’accord avec les arguments avancés ! « C’est vraiment un coquin mon monstre, il dit qu’il a appris tout ce dont il a besoin avant de s’installer chez moi : la recette du sourire et le son des bisous, la langue des rayons de soleil et le théorème des câlins ». Et puis, est-ce vraiment le monstre qui n’a pas envie d’aller à l’école ? C’est doux, c’est tendre et fantaisiste, l’illustration est dense et drôle. Bref, toujours aussi savoureux à l’école comme à la maison avant et après la rentrée !
Tout en rousseur, de Raphaëlle Frier, ill. Aurélia Fronty, Ed. Rue du Monde C3 C4
Première partie, c’est Alex qui parle. Il aurait bien passé la journée à lire, à construire une cabane pour oiseaux ou aller traire les chèvres du voisin, mais non : il doit se lever pour ne pas être en retard au collège, c’est la rentrée ! La rencontre qu’il fait dans le bus allège soudainement ses humeurs sombres. Il va désormais guetter Coline, la jolie inconnue, et tout ce qui renvoie à la couleur de ses cheveux : rousse, comme la petite poule qui débarque dans son jardin, comme le renard qui est tombé dans la fosse à purin du voisin… Deuxième partie, changement de narrateur, Coline raconte ce qu’elle fait ici, dans cette campagne perdue, auprès d’une très vieille dame dont elle ne sait même pas si c’est sa grand-mère ou son arrière-grand-mère. Tout un été à apprivoiser un renard, et une rentrée dans un collège où elle ne connaît personne. Un petit roman tout en finesse, avec le double regard du petit gars du coin et la gamine placée là en attendant que sa mère aille mieux. Un récit dans lequel un renard aide deux collégiens à se rapprocher, sur fond de vie à la campagne, avec les renards qui dévorent les poules, le fusil du voisin, les vipères, les vaches et le tracteur. Les illustrations sensibles et lumineuses ajoutent encore de la douceur au Tout en rousseur.
Marianne Baby