Les 17 élèves de l’option théâtre du lycée Estournelles de Constant à La Flèche, dans la Sarthe, encadré.es par leur enseignante Sandrine Weil et le metteur en scène Thierry Delhomme, revisitent dans leur film de fin d’année le conte Le Petit Chaperon Rouge pour parler emprise et consentement. Comment Emma, apprentie comédienne pleine de rêves, va-t-elle être peu à peu piégée par Jones Mad, metteur en scène célèbre et prédateur habile ?
S’ouvrant sur une séquence parodique, savoureuse, et déjà programmatique, le film va progressivement passer de la comédie au drame. En 12 minutes, le scénario, très bien ficelé, dit tout des différentes étapes de ce mécanisme rôdé, que les élèves avaient préalablement analysé grâce aux lectures notamment du Consentement de Vanessa Springora et d’Impunité d’Hélène Devynck. Comment le loup choisit sa proie, s’assurant de son manque de confiance en elle, de sa fragilité et de son isolement, comment il en détruit peu à peu les résistances, la flattant et l’humiliant tour à tour, comment il construit son piège, choisit son lieu et son moment, puis ferme la porte sur sa victime, qui pourtant lui dit clairement non…
Chaperon Rouge multiplie de plus les clins d’œil habiles et les mises en abyme que l’on pourra aussi décrypter avec une classe : l’héroïne n’évoque-t-elle pas par son prénom une autre Emma, victime elle aussi ? L’Ecole des Femmes, sur laquelle l’héroïne passe son audition, n’est-elle pas une œuvre particulièrement bien choisie pour évoquer la question du consentement ? Pourquoi peut-on relire le dénouement du Petit Chaperon de Perrault comme l’évocation d’un viol, comme le fait aussi la célèbre photographe Sarah Moon dans ses illustrations expressionnistes, glaçantes, du conte, et comme le suggère le dernier plan, terrible, du film ?…
Un très beau travail collectif, dont les enseignant.es pourront à grand profit s’emparer, et qui fera à coup sûr réagir et réfléchir des élèves de collège ou de lycée.
Claire Berest