Aujourd’hui, c’est le jour J pour les 535 423 élèves de première qui planchent sur les épreuves anticipées de français. 390 129 pour le baccalauréat général, 145 294 pour le technologique. Dans les jours suivants auront lieu les épreuves orales. Si les professeurs de Lettres ont obtenu que le nombre de textes soit revu à la baisse – ils sont passés de 20 à 16 en général, l’épreuve en elle-même ne convient pas.
« Cette épreuve n’a aucun sens pédagogique » s’agace Mathieu Billière, professeur de Lettres. En effet, depuis 2018, tout comme lui, une partie des professeur·es de Lettres estime que l’épreuve orale du baccalauréat de français a perdu toute sa pertinence lorsqu’elle est passée de la lecture analytique à l’analyse linéaire. « La lecture analytique permet d’exercer l’esprit critique des élèves en développant des axes de lecture. L’analyse linéaire participe au bachotage, on apprend juste à expliquer un texte ». « Cette épreuve demande aux élèves à la fois d’exercer leur esprit critique et de rentrer dans un moule. Ils sont en situation de double bind et ça crée chez eux des états de panique qui les rend parfois inaccessibles à tout autre enseignement que le bachotage, jusqu’à créer des situations de conflit », rapporte Mathieu Billière. « Cette réforme – des programmes, du baccalauréat et ParcourSup tous mêlés – a engendré énormément de souffrance et d’angoisse chez les élèves, jusqu’à parfois les fermer hermétiquement à l’enseignement. J’ai été sensible par exemple à l’explosion des phobies scolaires et aux signaux d’alerte de nombreux et nombreuses psychologues à ce sujet. Plusieurs enseignantes et enseignants de lettres ont le sentiment de faire du mal à leurs élèves ».
Le Café pédagogique souhaite malgré tout bonne chance à tous les candidats et les candidates.