Les systèmes éducatifs les plus performants au monde, tels que ceux de la Finlande, de Singapour, du Canada et de l’Australie, se distinguent par la qualité de leur formation des enseignants. Ces pays, reconnus pour leurs excellents résultats au Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), partagent une conviction commune : la nécessité de préparer les enseignants comme des professionnels du XXIe siècle. Dans un article publié sur le réseau social LinkedIn, Romuald Normand, professeur à l’université de Strasbourg, explore les approches adoptées par ces pays.
Normes professionnelles et exigences élevées
Les systèmes éducatifs performants ont en commun la mise en place de normes professionnelles claires et exigeantes pour la formation des enseignants, c’est l’un des points les plus saillants de l’étude de ces systèmes. Ces normes, fondées sur des recherches approfondies en efficacité de l’enseignement, définissent précisément les compétences et savoirs attendus des enseignants. Par exemple, à Singapour, l’Institut National de l’Éducation élabore les compétences des enseignants diplômés en mettant l’accent sur le développement de l’enfant dans sa globalité, incluant des compétences de management et d’innovation. De même, en Ontario (Canada), les normes d’exercice de la profession enseignante englobent l’engagement envers les élèves, la pratique professionnelle rigoureuse et la collaboration continue pour l’amélioration personnelle et collective.
En Australie, l’Institut Australien de l’Enseignement et du Leadership Scolaire a adopté des normes nationales mises en œuvre par des organismes professionnels au niveau de l’État. Ces normes décrivent les attentes pour les enseignants à différents niveaux de carrière, de diplômé à leader, en soutenant un discours commun sur les attentes professionnelles et un processus continu de réflexion et d’apprentissage.
Une préparation rigoureuse
La qualité de la formation initiale des enseignants repose en grande partie sur un équilibre entre rigueur intellectuelle et expérience clinique. En Finlande, par exemple, tous les enseignants doivent obtenir un master, incluant des études de premier et de deuxième cycle très rigoureuses. Les programmes finlandais intègrent des cours de discipline, de pédagogie, de communication, ainsi que des stages cliniques prolongés dans des écoles de formation d’enseignants. Ces écoles, financées par le ministère de l’Éducation et de la Culture, servent de centres d’excellence où les enseignants en formation peuvent observer et pratiquer des méthodes d’enseignement fondées sur la recherche.
De même, à Singapour, le modèle de formation des enseignants met l’accent sur une préparation axée sur les compétences du XXIe siècle. Les étudiants du programme de quatre ans doivent obtenir un diplôme académique et suivre des cours de méthodologies pédagogiques spécifiques. La formation clinique est également étendue, avec un partenariat actif entre les écoles et les établissements de formation pour soutenir les stagiaires.
Intégration de la recherche et réflexion continue
Un autre aspect crucial de la formation des enseignants dans ces pays est l’intégration de la recherche et de la réflexion continue. En Finlande, par exemple, les étudiants sont encouragés à s’engager dans des recherches dès leur formation initiale et à appliquer les résultats de la recherche dans leur pratique. Cette approche est également présente en Australie, où les programmes de master incluent souvent des projets de recherche basés sur la pratique, visant à développer les compétences nécessaires pour générer et analyser des données probantes.
En Alberta (Canada), les programmes post-baccalauréat de deux ans incluent des stages cliniques significatifs et des composantes de recherche. L’Université de Toronto/Institut de l’Éducation de l’Ontario a été pionnière en créant un programme de deux ans intégrant une pratique clinique importante et des études académiques, mettant fortement l’accent sur l’équité, la diversité et la justice sociale.
Les systèmes éducatifs les plus performants au monde ont compris que la qualité de l’enseignement repose sur une formation initiale rigoureuse et bien conçue. En adoptant des normes professionnelles claires, en intégrant des expériences cliniques approfondies et en favorisant une réflexion continue basée sur la recherche, ces pays préparent leurs enseignants à relever les défis complexes de l’enseignement du XXIe siècle. La clé de leur succès réside dans un investissement constant dans la formation des enseignants, garantissant ainsi une éducation de qualité pour tous les élèves.
La France, mauvaise élève à PISA, semble aussi mauvaise élève lorsqu’il s’agit de la formation de ses enseignant·es. Si le gouvernement promet une réforme en profondeur de la formation initiale, celle-ci semble loin d’être la hauteur selon les syndicats de professeur·es et les personnels des INSPE qui se mobilisent contre le projet présenté hier aux CSA.
Lilia Ben Hamouda