Alors que la présidente de la région annonce la suspension des subventions à Sciences Po, elle persiste dans le subventionnement du lycée Stanislas avec un versement de 1,3 millions pour l’année 2024. Pourtant, ce célèbre lycée n’a eu de cesse de faire parler de lui, notamment pour ses cours homophobes, ses classes non-mixtes ou encore ses cours obligatoires en catéchèse. Dans cette tribune, Yannick Trigance dénonce ce deux poids deux mesures.
Dans un récent tweet, Madame Pécresse, présidente de la Région Ile-de-France, assénait avec force que « Tant que la sérénité et la sécurité ne seront pas rétablies », les subventions de régionales à Sciences Po seraient suspendues suite aux mobilisations des étudiant·es liées au conflit israélo-palestinien.
N’aurait-elle pu tenir les mêmes propos pour dénoncer les discours homophobes, sexistes et les humiliations révélées dans le rapport de l’Inspection Générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche à l’encontre du lycée Stanislas ?
N’aurait-elle pu faire preuve d’autant de fermeté et de célérité pour sécuriser les élèves et ramener de la sérénité dans ce lycée parisien à la suite de la mise en examen de l’ancien directeur de l’internat qui consultait des sites pédopornographiques avec pas moins de 1 402 connexions en seulement un mois et demi ?
Que nenni ! Bien au contraire, Madame Pécresse persiste et signe en proposant le 30 mai prochain, lors de la commission permanente, une subvention de 393 014 euros, ce qui portera en cumulé une aide de plus de 1,3M€ versée au lycée Stanislas depuis le début de l’année.
En invoquant comme seule excuse la non-transmission du rapport de l’IGESR – l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche – pourtant mis en ligne et rendu public par Médiapart le 16 janvier dernier, la Région se cache derrière l’État pour justifier ses subventions.
L’institution régionale se doit d’être garante de la sécurité physique et morale des lycéennes et lycéens sur son territoire et du respect de la loi par l’établissement.
C’est pourquoi la Présidente de la Région doit exiger de l’État la suspension à titre conservatoire des subventions à Stanislas, la mise en œuvre des préconisations du rapport de l’inspection mais également que la justice puisse être saisie face aux éventuelles infractions pénales commises au sein de ce lycée.
Au-delà du fait que les subventions suspendues pour Sciences Po concernent avant tout des subventions à caractère social – dont 100 000 € dans le cadre des contrats étudiants mentors – et vont donc pénaliser indistinctement les étudiants, le « deux poids deux mesures » de Madame Pécresse renvoie à une politique éducative profondément injuste, inégalitaire et délibérément partiale.
Yannick Trigance
Conseiller régional