Bizarre, bizarre cette injonction sociale en vogue dans les écoles, cette autonomie obligatoire qui résonne plus comme un prescrit que comme un horizon désirable.
Mis à toutes les sauces, le graal de l’autonomie semble plus souvent contribuer à trier et laisser sur le bord du chemin qu’à émanciper. Est-ce que ça voudrait dire que l’apprentissage de l’autonomie est un piège à c… ?
« Lorsqu’on cherche à identifier comment se traduit, sur le terrain scolaire, la valorisation de l’autonomie des élèves, on constate que celle-ci se réduit bien souvent à des aspects assez éloignés d’une ambition émancipatrice. L’élève autonome doit être capable de travailler seul et d’obéir aux règles scolaires sans qu’il soit nécessaire de le rappeler à l’ordre (…). On est loin de la promotion de l’esprit critique ou de l’émancipation intellectuelle, mais plutôt du côté d’une intériorisation des contraintes » … » Extrait de « Quand l’autonomie devient obligatoire », article d’H.Durler dans le dossier de TRACeS.
Comme à son habitude, TRACeS tisse entre récits de pratique et prises de recul plus théoriques une toile qui vous propose d’explorer ce que peut bien vouloir dire cette omniprésence de l’autonomie dans les discours en éducation.
Que peut bien vouloir dire être autonome ? Recharger les batteries ? Apprendre en roue libre ? Ne pas être dépendant ? Y a-t-il d’autres conceptions de l’autonomie ? Qu’est-ce qui s’y niche en filigrane ? Est-ce que c’est (encore) un synonyme d’émancipation ? Est-ce que c’est naturel ou est-ce que ça s’apprend ? Est-ce que c’est personnel ou culturel ?
De savoir mettre sa veste tout seul à être capable de retravailler ses textes argumentatifs, l’autonomie ne se décrète pas. Et il y a différentes façons de faire ses lacets.
Dans ce dossier de TRACeS, vous trouverez des pratiques qui travaillent à redonner du pouvoir aux apprenants. Avec du matériel que les très jeunes peuvent utiliser pour apprendre et s’entrainer seul. Avec un dispositif qui permet de comprendre ce qu’un conte raconte en réfléchissant seul et avec les autres. Une organisation d’école originale qui tente de réduire les inégalités en évitant de s’appuyer sur les familles pour le travail autonome en dehors des heures d’école. Une école des devoirs où un bureau des questions s’est émancipé des consignes scolaires et se laisse assiéger par la poésie qui donne des ailes.
Et parce que ce n’est pas que des mots, ce numéro de Traces est entièrement illustré par des jeunes du Service d’Accrochage Scolaire « Parenthèse » .