Mathieu Folacci est professeur d’anglais et formateur. Il a enseigné en tant que contractuel dans l’académie de Paris. Il a ensuite rejoint son académie d’origine en 2018 où il passe le CAPES d’anglais puis l’agrégation. Il enseigne depuis 2019 à l’Université de Corse, majoritairement en cursus droit et master MEEF 1er et 2d degrés en didactique des langues, suivi de stages et direction de mémoires de recherche appliquée.
Vous êtes professeur, formateur. Comment concevez-vous toutes ces missions ?
En parallèle de mon enseignement, je suis responsable de l’anglais LANSAD (LANgues pour Spécialistes d’Autres Disciplines) et directeur adjoint en charge du volet sujets B2 à la Coordination nationale du CLES (« Certificat de compétences en langues de l’enseignement supérieur »).
Ces deux missions m’ont permis de me spécialiser davantage et de découvrir la conception et le déploiement de politiques en langues vivantes étrangères au sein de mon université. Les différentes formations que j’ai pu suivre à la CN CLES, mais également dans le cadre de eTwinning, m’ont également permis de diversifier mes pratiques et d’approfondir mes compétences. Quand j’enseignais dans le secondaire, mes élèves avaient pu réaliser des échanges épistolaires avec deux établissements au Royaume-Uni dans le cadre d’un projet eTwinning.
Comment passer d’enseignant à formateur et quel suivi des formations pour les futurs enseignants ?
J’ai un cours de pratique de la langue écrite et orale à destination des licences 2 LLCER anglais et LEA dans lequel je propose à mes étudiants de créer, de A à Z, des jeux de société ayant comme base les cours qu’ils suivent. Sous la forme d’un scénario actionnel, ils doivent concevoir (règles, prototype, test avec un autre groupe) et ensuite promouvoir (affiche, présentation fictive auprès des médias) leur jeu. Il s’agit également de faire cours d’une manière différente, en laissant aux étudiants une plus grande liberté, même s’ils devaient s’inspirer de leurs cours pour créer ces jeux.
J’aime beaucoup ce projet, car les étudiants font preuve d’une très grande créativité et les rendus sont incroyables. Ils utilisent les nouvelles technologies afin de mener à bien leur projet.
Concernant ma manière d’enseigner l’anglais, j’essaie de garder la même approche que dans le secondaire (dans les cours LANSAD) en travaillant les différentes activités langagières à partir de documents authentiques et en proposant des réflexions sur la langue, qui sont au final des rappels des points abordés au collège et au lycée, tout en m’adaptant aux spécificités des diplômes.
Vous enseignez la didactique des langues. Le gouvernement prévoit une réforme de la formation, comment voyez-vous ce nouveau projet de réforme ?
Les précédentes réformes du CRPE ont été favorables aux langues vivantes étrangères en incluant, dans l’une des deux épreuves d’admission, une épreuve de mise en situation professionnelle (ce n’est pas le format actuel).
Dans le format actuel, les langues vivantes étrangères ont toujours leur place. Elles prennent la forme d’une épreuve orale d’admission facultative dans laquelle seuls les points supérieurs à 10 sont comptabilisés, ce qui encourage, selon moi, les candidats à choisir cette option.
J’espère que les langues vivantes étrangères auront toujours une place dans la prochaine réforme du concours.
Comment faire du lien entre l’Inspe et l’école ? vous avez un projet avec des professeurs des écoles, pouvez-vous présenter ?Je mène en effet un projet en étroite collaboration avec la conseillère pédagogique en charge des LVE en Corse du Sud. Nous avons travaillé sur des documents authentiques en anglais afin de les exploiter en classe dans le premier degré.
Nous avons commencé par un document iconographique, un tableau de Norman Rockwell, puis ensuite une vidéo (bulletin météo présenté par un enfant sur une chaîne américaine). Nous travaillerons bientôt sur un document textuel. Nous avons présenté cela aux étudiants en M1 et M2 MEEF premier degré afin de faire le lien école-INSPE.
Quelle difficulté ou quel rapport ont les futurs professeurs des écoles ?
La difficulté majeure que j’observe c’est que les professeurs des écoles doivent faire beaucoup de choses en peu de temps et qu’on leur demande d’être des experts dans beaucoup de disciplines. J’ai pu aller observer des séances en LVE et j’ai été ravi de voir les collègues PE mettre en place des séquences motivantes pour leurs élèves.
Propos recueillis par Djéhanne Gani