Dans ce nouveau rendez-vous, Adèle Encoignard, professeure d’espagnol au collège Maurice de Broglie dans l’Eure, partage le quotidien d’un petit collège rural. Elle aborde aujourd’hui les cordées de la réussite.
J’avais évoqué dans un article précédent un de nos grands défis en collège rural, susciter l’ambition des élèves. C’est je trouve un enjeu majeur ici. Avant de travailler dans mon collège actuel, j’ai travaillé dans plusieurs établissements du Val d’Oise et de l’Essonne. Si les publics étaient parfois plus « difficiles », ils avaient dans l’ensemble des projets d’orientation plus ambitieux, et j’ai vraiment remarqué cette différence en arrivant sur ce poste.
Alors, nous multiplions les projets, comme par exemple celui des cordées de la réussite. Ma collègue de physique-chimie qui coordonne ce projet, Mme Bezy, a accepté de répondre à mes questions sur l’organisation et les enjeux de ce projet.
Le dispositif des cordées de la réussite concerne des élèves de 4ème désignés au préalable par l’équipe enseignante. Il consiste en la visite d’établissements scientifiques afin de faire découvrir aux élèves des filières et des métiers qu’ils ne connaissaient pas. Le groupe comporte davantage de filles que de garçons, car , et ce n’est pas propre aux collèges ruraux, les filles ont encore tendance à ne pas s’autoriser à suivre des études scientifiques et dépasser ces freins est aussi un enjeu du projet.
Dans un premier temps, nos élèves se sont donc rendus dans le lycée général et technologique le plus proche, ils ont pu y découvrir les filières STI2D et STL, des filières ambitieuses auxquelles ils ne pensent pas toujours. Le projet les a ensuite menés dans un IUT où ils ont participé à des ateliers dans le cadre de la découverte de la filière Mesures Physiques ou encore de la filière Packaging. Le projet se conclura par une visite de la cité des sciences à Paris.
Un tel projet est véritablement adapté à notre public d’élèves. En effet, à la campagne, les élèves ont accès à beaucoup moins d’ouverture culturelle qu’en ville , certaines familles sortent peu et se rendent rarement en ville. En les emmenant découvrir ces filières, on leur permet de penser à de nouvelles pistes pour leur orientation, et on leur ouvre un peu plus le champ des possibles.
Et qu’en pensent les élèves ? J’ai eu l’occasion de questionner deux d’entre eux le lendemain de leur visite de l’IUT. Leurs réponses ont été unanimes, la visite les a beaucoup intéressés. Se verraient ils poursuivre des études dans une de ces filières ? Pour le jeune garçon, pas forcément, car il a déjà un projet en tête depuis longtemps , il aimerait être boulanger. Sa camarade par contre, aimerait bien, elle n’est pas sûre de ce qu’elle veut faire plus tard mais ces visites lui donnent envie de suivre des études liées à la physique-chimie. Défi réussi pour ce projet qui a fait naître de nouvelles envies.
Adèle Encoignard
adeleoviedo@yahoo.fr