Au moment où le Président de la République annonce une nouvelle réforme de la formation initiale des enseignants, qui serait désormais organisée autour d’un recrutement après la licence, Thérèse Perez-Roux, Christine Françoise et Frédéric Torterat publient les premiers résultats d’une intéressante enquête sur la perception des réformes passées (2019, mise en oeuvre depuis 2021) des formateurs INSPE (1er et 2nd degré). Parmi les 725 répondants, deux tiers sont des femmes, trois sur quatre sont à temps complet à l’INSPE, et un sur cinq en temps partagé (essentiellement les répondants du 1er degré, PEMF et CPC).
Quand on leur demande à quoi le formateur doit-il prioritairement veiller (3 réponses possibles, exprimées ici en pourcentage), les compétences citées sont prioritairement celles de la maitrise disciplinaire et de l’analyse de pratiques.
Lorsqu’on leur demande de « caractériser les étudiants/stagiaires/alternants d’aujourd’hui », les réponses des formateurs ne surprennent pas (il ne s’agit pas du point de vue des étudiants, mais du point de vue des formateurs sur les demandes des étudiants) :
Mais quelles priorités les formateurs se donnent-ils par rapport à leurs missions ? On pourraient dire que leur réponses valorisent à part égales les contenus académiques et la préparation au « métier réel ».
Par ailleurs, les formateurs INSPE sont questionnés sur leur appréciation de la réforme de la formation de l’époque (2019-2021). Et il est intéressant de connaitre le positionnement des 725 répondants à la lueur de la réforme qui se profile aujourd’hui…
Interrogés sur le statut des étudiants, la plupart des réponses semblent tenir à un statut de fonctionnaire-stagiaire durant la formation. Si on en reste à la question de la place du concours en M2, l’avis négatif semble très majoritaire. A l’inverse, la professionnalisation dès la licence recueille plus de deux tiers d’avis positif. Davantage encore, le souhait que soit organisé davantage de formation continue pour les trois années de début dans le métier recueille 80% d’avis positif.
Plus surprenant, la proposition d’un cursus de formation plus uniforme sur le territoire national recueille une majorité d’avis favorables.
Enfin, comment expliquer l’avis majoritairement favorable de confier une part significative de la formation à des formateurs en temps partagé (alors qu’ils ne représentent qu’une part minime de l’échantillon de répondants) ? Est-ce la volonté de leur déléguer la partie « concrète » de la formation, ou au contraire de développer des collectifs de formateurs de différents statuts, dans le but de prendre à bras le corps la difficile articulation « théories/pratiques » ? Il faudra attendre les résultats plus qualitatifs de l’enquête pour en savoir davantage…
L’article de recherche se termine en pointant « un rapport au travail des formateurs bousculé par les réformes » et une difficulté à trouver « des stratégies d’appropriation » des réformes. Gageons que ça ne devrait pas s’arranger dans les mois à venir…
Patrick Picard
https://journals.openedition.org/edso/26620