Jeudi 4 avril s’est tenue une réunion interministérielle sur la sécurisation des écoles au ministère de l’Intérieur. Un plan ministériel pour « la sécurité des élèves, des personnels et des établissements scolaires », nommé « Déployer un bouclier autour de l’école », a été annoncé à la suite de cette rencontre. De cette promesse pompeuse, on retiendra seulement quelques nouveautés – plus ou moins concrètes – pour les équipes pédagogiques.
Afin d’assurer « la sécurité de tous les élèves pour un climat scolaire apaisé », la rue de Grenelle annonce 150 emplois supplémentaires dédiés au harcèlement (que Gabriel Attal avait déjà évoqué à l’automne dernier) et l’élargissement de l’application Faits établissements à la totalité des établissements privés sous contrat. En définitive, rien de nouveau sauf pour le privé.
Pour protéger tous les personnels de l’Éducation nationale, le ministère promet « un guide pratique ‘’la sécurité et la protection des personnels à l’école’’ », le numéro vert existait déjà (0805 500 005). « Ce guide pratique constituera une boîte à outils à disposition de tous les agents », écrit le ministère. « Il rappelle les dispositifs juridiques protégeant les agents, les modes de sécurisation des enceintes scolaires et contient des fiches décrivant des actions très concrètes et des modèles de documents visant à assurer la protection de chacun et à saisir les autorités judiciaires. Il sera largement diffusé et consultable en permanence par les agents via les plateformes dédiées ».
Pour sécuriser les enceintes scolaires, la rue de Grenelle propose trois nouveaux dispositifs. La création « de services de défense et de sécurité académiques ». Le ministère assure qu’à la rentrée prochaine, un service de défense et de sécurité académique (SDSA), « rassemblant l’ensemble des missions académiques liées à la sécurisation de l’espace scolaire », sera effectif afin « de répondre à l’objectif de renforcement de la prise en compte des enjeux de sécurité par l’institution, au plus près des besoins locaux ». On ne comprend pas bien de quoi/qui est constitué ce service et quelles seront ses missions. Interrogé, le ministre nous explique que les « équipes de sécurité existent déjà« , qu’il s’agit de « les structurer avec un nouvel organigramme et une déclinaison par académie ».
Des assistants d’éducation seront sollicités dans le cadre de l’expérimentation d’un « réseau d’appui éducatif ». Cette « unité mobile » nationale – aucune information sur le nombre d’assistants concernés, mais le ministère confirme qu’il s’agit de nouveaux recrutements… – sera déployée « pour protéger plusieurs enceintes scolaires avec des moyens supplémentaires pour apaiser le climat scolaire dans et autour des enceintes ». Les assistants d’éducation transformés en agents de sécurité ?
Pour finir, la ministre confirme la création d’une « équipe mobile de sécurité nationale » constituée de vingt « agents expérimentés » qui pourront être « projetés » « sur tout le territoire en moins de 48 h en cas de crise aiguë autour d’une école ou d’un établissement ». Le Bulletin officiel du même jour, le 3 avril, nous en apprend plus sur ce dernier dispositif. Cette équipe sera constituée de de 20 emplois supplémentaires, « financés sur le programme 141 », des « personnels disposant d’une expérience en académie et reconnus pour leurs compétences » et sera implantée en Île-de-France.
Aux demandes de sécurisation des établissements, qui ne sont pas du ressort de l’État, le gouvernement répond par des dispositifs dont on peut douter de la pertinence. Et si la réponse était dans l’investissement massif dans l’éducation ?
Lilia Ben Hamouda