C’est la troisième grande journée de mobilisation dans l’éducation depuis l’annonce du choc des savoirs. « Non au choc des savoirs, oui au choc des salaires », martèle l’intersyndicale éducation. Si tous les syndicats n’appellent pas à la grève, c’est le cas d’une majorité de ceux du second degré.
Aujourd’hui, les enseignants et enseignantes sont appelés à faire grève pour s’opposer au choc des savoirs. « Les arrêtés et décrets publiés le 17 mars et la note de service du 18 mars confirment nos analyses: il s’agit bien d’organiser des groupes de niveau, donc de trier les élèves ce qui va immanquablement creuser les inégalités, comme l’a montré la recherche », écrit l’intersyndicale. « C’est bien une École du tri social que Nicole Belloubet et Gabriel Attal mettent en place. Derrière la promesse d’une plus grande flexibilité, ce sont en réalité des contraintes d’organisation et pédagogiques qui vont lourdement fragiliser notre liberté pédagogique et de casser la relation forte et continue avec les classes et les élèves. C’est bien le cœur de notre métier qui est attaqué ».
Pour Michael Marcilloux, « il s’agit de maintenir la mobilisation par une date nationale avant les vacances scolaires ». « L’éducation nationale est à un point de bascule qu’il s’agisse des conditions de travail comme de l’attractivité », ajoute le secrétaire général de la CGT Éduc’Action. « Nous sommes face à une attaque sans précédent contre l’idéal émancipateur de l’École ». Même constat de Sophie Vénétitay « Cet appel à la mobilisation montre que l’action continue contre le choc des savoirs ». « La publication des textes a confirmé nos analyses : il y a des groupes de niveaux, la mise en place d’une École du tri social où il s’agit à chaque étape décisive de la scolarité d’évincer les élèves des milieux populaires… et on a aussi une mise à mal de nos métiers », assure la secrétaire générale du Snes-FSU. Maude Valegeas, de SUD éducation, estime que la grève du 2 avril « doit faire redescendre le ministère sur terre : les personnels ne mettront pas en place les groupes de niveau ». « Le mouvement prend une tournure inédite avec la mobilisation des parents qui prend de l’ampleur, l’enjeu c’est de construire déjà les suites du 2 pour une grande mobilisation parents-personnels de défense de l’École publique », ajoute la co-secrétaire fédérale du syndicat.
Sophie Vénétitay estime que la mobilisation sera importante, notamment grâce « aux actions locales, aux réunions publiques avec les parents… ». « Nous avançons dans la bataille des idées et nous continuons à agir avec un message clair : nous ne trierons pas nos élèves ! » ajoute-t-elle. Ce n’est que le début, prévient le secrétaire général de la CGT Éduc’Action, « nous comptons poursuivre les mobilisations décentralisées pendant les vacances. La mobilisation doit être durable pour stopper cette politique réactionnaire ».
Le mouvement est soutenu par la FCPE qui rappelle que « la fédération est aux côtés des organisations syndicales depuis plusieurs semaines pour refuser le choc des savoirs et construire une autre école publique avec le choc des moyens dont elle a tant besoin ». Et en effet, les opérations collèges déserts initiés par les parents sont nombreuses. « Le 2 avril marquera une nouvelle étape pour demander au gouvernement de revoir sa copie ! », écrit la FCPE qui « invite tous les parents à rejoindre autant que possible toutes les mobilisations le 2 avril, mais aussi les jours qui suivront ».
L’intersyndicale de Seine-Saint-Denis, où les enseignants et enseignantes sont en grève depuis le 26 février, qui demande un Plan d’urgence pour la Seine-Saint-Denis et qui s’oppose aussi au Choc des savoirs, menace de ne pas faire la prochaine rentrée non plus. « Les annonces sur la dérogation du privé aux groupes du niveau renforcent la détermination des personnels du 93 », nous dit Maud Valegeas.
Lilia Ben Hamouda