Dans une tribune publiée sur Médiapart, Jean-Pierre Veran revient sur l’enseignement moral et civique pour lequel le Président avait annoncé le doublement du temps d’enseignement – ce qui s’avère inexact. Le chercheur interroge cette annonce de changement de programme, du « cours préparatoire à la classe de terminale », qui ne fait aucune référence à l’éducation aux médias. « Tout se passe comme si, dans la conception pratique des programmes, contrairement aux intentions affichées dans le préambule, on laissait de côté des éléments majeurs de la réalité de la formation civique à l’école. Il y a sans doute à cela une explication. Conçu comme un enseignement et non une éducation, l’EMC, dans le projet de programme actuellement discuté, fait la part belle à des activités susceptibles d’être conduites par un professeur avec une classe, dans un horaire hebdomadaire prescrit, en parfaite conformité avec le modèle dominant, hérité du passé, de la boîte d’œufs, conçue pour que les œufs ne se touchent pas. Qui dit Semaine de la presse et des médias à l’École® ou médias scolaires, envisage des activités qui supposent interactions multiples, travaux différents au même moment en divers lieux, accompagnement par d’autres professionnels aussi que ceux de l’éducation, sortie de la classe, voire de l’école… Il ne fait pas de doute qu’on acquiert dans ce cadre le sens de l’initiative, dans le respect des autres et des règles communes, l’engagement et le sens des responsabilités, la culture du projet collectif et de la coopération, toutes choses figurant dans le référentiel de l’EMC.
Finalement, il y a fort à parier que ce nouveau programme, malgré ses intentions affichées, s’inscrive dans un cadre qui a rendu jusqu’ici quasi impossible ce qu’il appelle de ses vœux : la mise en œuvre créative, ouverte, partenariale d’un parcours citoyen, héritier du parcours civique (2004), crée dans la dynamique de refondation de l’École (2013-2015), dont on peine à dire, dix plus tard, combien d’élèves il concerne effectivement du cours préparatoire à la terminale, en dehors d’épisodes isolés au fil de leur scolarité. Il met une nouvelle fois en lumière l’incohérence entre les objectifs de formation affichés et la réalité amputée de la formation effectivement réalisée ».
Un article à lire ici