« Malgré la banalité de l’activité de correction dans le quotidien des enseignants, constate Jean-Luc Pilorgé, on ne connait pas exactement la nature des annotations portées sur les copies ni les raisons qui motivent les enseignants lorsqu’ils accomplissent cette tâche professionnelle.» C’est le champ de travail que laboure le dernier numéro de Recherches, « revue de didactique et de pédagogie du français ». Au sommaire, des expériences et analyses sur des thèmes et des niveaux variés : les postures du correcteur, ce que les élèves disent et font des annotations, le « poids encore considérable accordé aux compétences linguistiques locales », l’intérêt de l’évaluation par les pairs, la nécessité d’apprendre à annoter des textes d’élèves en formation initiale pour ne pas reproduire ce qu’on a soi-même connu comme élève, des dispositifs enseignants susceptibles de favoriser interactions, retours réflexifs et dynamiques de progression.
A titre d’exemple, l’inversion des rôles : « Voici l’introduction, la première partie et le tout début de la seconde d’une copie réussie mais que j’ai néanmoins améliorée. Consigne : numérotez les modifications en italique et rédigez pour chacune d’elles l’annotation de correction que j’aurais pu écrire pour obtenir cette réécriture d’un élève. »
A titre de recommandation, le travail de nouvelles postures, pour les élèves comme pour les professeur·es : « Il est attendu que les élèves acquièrent une véritable posture d’auteurs, capables d’effectuer des choix narratifs et linguistiques conscients dans un but déterminé. Mais comme le souligne Catherine Tauveron, cette posture auctorale n’est possible que si l’ élève « sait qu’à son intention artistique va répondre dans la classe une « attention esthétique » chez l’enseignant et chez les pairs » et que son texte va faire l’objet d’une lecture semblable à celle à laquelle ont droit les auteurs en titre. » Il est donc important, pour que les élèves apprennent à écrire, que l’enseignant se comporte en lecteur plutôt qu’en correcteur. (…) Adopter une posture de lecteur implique de prendre position par rapport aux propositions esthétiques des élèves et d’assumer la subjectivité de son appréciation. (…) Cela se traduit par l’emploi d’un lexique appréciatif et de la première personne, marquant l’implication subjective de l’enseignant dans son jugement sur le texte. Ainsi E. a changé la formulation de ses appréciations, passant de commentaires impersonnels à des formules comme : « ta lettre est très drôle et émouvante, tu pourrais développer davantage ce balancement très intéressant », « cela me donne envie de savoir ce qui va arriver »… »
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Atelier d’annotation en PPPE à Brest