C’est à une grande journée de mobilisation qu’appellent les grandes organisations syndicales de l’Éducation nationale – FSU, UNSA Éducation, SGEN-CFDT, CGT Educ’action et SUD éducation. « Non au choc des savoirs, oui au choc des salaires ! » tel est le mot d’ordre de cette deuxième journée de grève. Si l’ abandon du choc des savoirs fait aussi partie des revendications des syndicats, c’est avant tout un mouvement pour les salaires qui s’inscrit dans une mobilisation de toute la fonction publique.
Les organisations syndicales « constatent et condamnent l’absence de toute perspective de mesures générales d’augmentation des rémunérations dans l’Éducation nationale dans un contexte d’inflation encore soutenue ». « Il est urgent d’ouvrir sans délai des négociations pour améliorer les carrières et prendre des mesures générales pour les salaires, notamment en revalorisant le point d’indice, dans un contexte d’effondrement du niveau des rémunérations des agent·es publics », écrivent-elles dans un communiqué. « Les mesures “Socle” sont très insuffisantes et n’ont pas permis de rehausser véritablement les salaires ni d’améliorer l’attractivité de nos métiers ». Elles exigent l’abandon du Pacte et le « transfert des sommes prévues sur des mesures salariales sans contreparties ».
Quant à la rémunération au mérite, dans les cartons de Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publique, les syndicats affirment que « les agent·es ne sont pas dans l’attente de la reconnaissance de leur « mérite », mais d’une rémunération qui leur permette de vivre dignement et soit prise en compte pour le calcul de leurs pensions ».
« Cette journée, nous l’avons construite dès le lendemain du 1er février », nous confie Frédéric Marchand, secrétaire général de l’UNSA éducation. « Le manque d’attractivité des métiers de l’éducation est lié à deux problématiques. Une problématique salariale, avec un pacte qui est loin de représenter la revalorisation attendue par la profession et des mesures socle qui ne vont pas assez loin. Je pense aussi aux autres catégories de professionnels tels que les AED, AESH, ou les assistants sociaux scolaires pour qui on revendique une augmentation de 200 euros. L’autre problématique est liée au manque de débouchés ».
À la FSU, on revendique une grève pour les salaires. « On a choisi de centrer sur la revendication salariale, non pas que ce soit la seule revendication, mais la faiblesse des salaires est à l’image de la considération pour les services publics en général », nous explique Benoît Teste. « Demain c’est donc un cri d’alarme. À force de mal payer les personnels, à force de restrictions, de moyens et d’absence d’ambition, les services publics sont au bord de l’effondrement. L’école publique est dans une situation de crise grave, la crise de recrutement s’enkyste et les réformes tournent le dos à l’objectif de démocratisation auquel les personnels restent attachés. Il n’y a qu’à voir le choc des savoirs. Revaloriser les salaires est donc une exigence minimale ». Le secrétaire général estime que « beaucoup de collègues de l’éducation seront mobilisés ». « On peut dire que le milieu de l’éducation bouillonne et refuse ces logiques d’affaiblissement du service public d’éducation », affirme-t-il.
« Il nous faut construire un rapport de force pour ne pas avoir une année blanche, en matière de salaire, dans la fonction publique », nous dit Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-Cfdt. « Notre volonté de mobiliser les collègues s’est vue renforcée par les coupes budgétaires annoncées en janvier dernier. Des coupes qui laissent présager de mauvaises conditions salariales et de conditions de travail ».
À la CGT éduc’Action, on estime que « si l’Éducation nationale a une problématique propre, elle a à voir avec l’état de déshérence globale de la Fonction publique ». « Nous sommes dans la continuation du 1er février », commente Mickaël Marcilloux. « On espère que les personnels pourront se réunir pour construire la suite du mouvement, a l’image de ce qui se passe dans le 93 ». « On vit un moment de bascule », ajoute le secrétaire général. « Il faut mettre un coup d’arrêt au tri social et à l’usine à gaz antipédagogique qui casse les conditions de travail ».
« Si le mot d’ordre principal de cette journée de mobilisation de la Fonction publique est les salaires, elle a une autre tonalité pour les fonctionnaires de l’Éducation nationale avec le choc des savoirs », déclare Maud Valegas, co-secrétaire fédérale de SUD éducation. « La publication des textes a dynamisé la mobilisation des départements où les premières prévisions remontées n’étaient pas très bonnes. Depuis ce matin, il y a des assemblées générales, on sent que les collègues se mobilisent ».
Les organisations syndicales arriveront-elles à mobiliser les équipes éducatives ? Le nombre de grévistes et de manifestants sera un signal envoyé à la rue de Grenelle.
Lilia Ben Hamouda